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réalisés, il subsiste au Soudan des imperfections dans l’organisation et dans l’emploi d’une troupe dont le colonel Laperrine tire au Tidikelt le meilleur parti. Le mieux était donc de puiser à la source même l’enseignement nécessaire au bon fonctionnement des formations méharistes. Tel fut l’avis de M. Roume, dont les réformes, toujours réfléchies, ont largement contribué à donner l’essor aux colonies placées sous sa haute autorité. Il désigna pour cette tâche son officier d’ordonnance, le capitaine Arnaud et il lui adjoignit le lieutenant Cortier, qui venait de faire ses preuves à Taoudéni. Ce sont ces officiers qui, partis d’Alger, ont gagné la vallée de la Saoura et les oasis, étudié sur place les compagnies sahariennes et partagé leurs travaux. Sous la conduite du capitaine Dinaux, ils ont continué par l’Ahaggar et le Tanezrouft jusqu’au puits de Timiaouine, où ils retrouvèrent, à la fin d’avril 1907, les méharistes soudanais venus à leur rencontre.

Le passage suivant d’un récit publié au retour du capitaine Arnaud[1]donnera, mieux qu’un long exposé, une idée exacte des progrès de notre double pénétration dans le Sahara central.

« Le 28 avril au matin, on aperçoit les premiers tirailleurs noirs placés en sentinelles à la crête des rochers et les patrouilles qui courent vers le puits pour annoncer l’arrivée du détachement. A dix heures, les Algériens arrivent à Timiaouine. Les deux sections de méharistes soudanais, en ligne sur le front de bandière des deux camps, rendent les honneurs sous les ordres de leurs chefs respectifs, le lieutenant Lenglumé, commandant la section de Bamba, et le lieutenant Vallier, commandant la section de Gao. Les capitaines Cauvin et Pasquier commandant les compagnies et les cercles de Bamba et Gao, se portent au-devant des Algériens formés en bataille, la carabine au poing, précédés de leurs officiers, du capitaine Arnaud et du lieutenant Cortier.

« Les méharistes du détachement mettent pied à terre et forment leur camp à proximité du campement soudanais. »

Les deux troupes se trouvaient aux confins de leurs zones de surveillance.

Depuis juin 1905, en effet, une limite conventionnelle sépare, au point de vue administratif, les Touaregs du Nord des Touaregs du Sud. Elle laisse d’une part à l’Algérie les territoires

  1. Dépêche coloniale illustrée, 15 novembre 1907, p. 264.