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sollicités l’un et l’autre par le goût des études géographiques, la passion des voyages et l’amour du métier. Leurs levés consciencieux et précis serviront à ceux qui retourneront après eux dans ces solitudes. Sur ces pistes que le sable efface, mais que les Sahariens retrouvent, il sera désormais plus facile à nos méharistes du Tidikelt ou du Soudan de barrer la route aux rezzous des pillards marocains.

D’ailleurs, l’Erg Echach est-il si déshérité ? En l’absence de tout guide, il eût été téméraire de s’y risquer ; mais, après l’expérience de 1906, on demeure convaincu que le nomade, autant que le climat, a fait le vide dans ces dunes traversées autrefois par des caravanes. Çà et là des puits, abandonnés depuis longtemps, ont été dégagés ; des prairies éphémères ont été repérées.

Dans le Sud, le Sahara fait place à la steppe. C’est le régime, que nous avons constaté dans les Hauts Plateaux algériens, qui succède ici au régime désertique et nous achemine vers les contrées fertiles du Sénégal et du Niger. C’est la région sahélienne avec ses pâturages permanens et ses oueds herbeux, clairsemés d’abord, puis plus étendus et plus denses, au milieu desquels s’aperçoivent, à mesure qu’on s’avance dans le Soudan, des touffes d’arbres et des marigots. Dans l’Adrar, par exemple, certains indices attestent que des sédentaires ont précédé les nomades. Des tumuli, des poteries, des pierres taillées évoquent le souvenir de l’empire songhaï. Ainsi, sous les pas de nos méharistes, un lointain passé ressuscite, en même temps que d’immenses espaces, ignorés la veille, entrent dans le domaine de la géographie positive.

Comme il fallait s’y attendre, après le tour de force de, Taoudéni, la compagnie du capitaine Cauvin dut être remontée. Cependant, l’utilité des formations sahariennes s’était affirmée une fois de plus au Soudan, et la cause des méharistes y était définitivement gagnée.

Une nouvelle compagnie, créée à Gao, sur le Niger, et commandée par le capitaine Pasquier, put circuler chez les Oullimindens. En nomadisant près de leurs campemens, elle a su les attirer et préparer un rapprochement plus complet.

Peu à peu, les groupemens méharistes de l’Afrique occidentale parviennent à combiner leurs efforts, à se répartir la besogne, à relier leurs opérations. Néanmoins, malgré les progrès