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jusqu’aux premiers jours de 1907, l’occasion de déployer sa valeur. En soutenant victorieusement avec elle le choc de nombreux partis Toubous et Azdjers, nos Soudanais ne firent pas seulement preuve de courage ; il leur fallut un dévouement à toute épreuve pour lutter contre le sol et contre le climat dans le Tanezrouft désolé qu’ils eurent à parcourir.

Ces opérations amenèrent l’occupation de l’Aïret de Bilma.

Si les routes de caravanes se déblayent à l’Est et si la pénétration française progresse aux deux extrémités du Sahara méridional, le rétablissement du trait d’union, entre In Salah et la région de Tombouctou, n’en demeure pas moins l’acte capital.

Par les facilités naturelles, — et malheureusement bien relatives, — qu’elle offre, grâce aux Oasis, par l’importance des pays algériens et soudanais qu’elle relie, par son étendue moindre, cette voie prime, à nos yeux, toutes les autres.

« L’axe de notre politique saharienne penche à l’Ouest. » Sur son trajet une entente commune s’impose entre l’Algérie et le Soudan. C’est bien cette pensée que traduisait le colonel Klobb le jour où, prenant le commandement du territoire de Tombouctou, il dit à ses troupes : « Ici, nous ne sommes pas dans le Soudan des Noirs, mais dans le Sud algérien. »

Pour lui, la liaison entre les deux grandes fractions de l’Afrique française devait s’opérer par cette voie. En fait, les méharistes, qu’il fut le premier à introduire dans nos possessions du Soudan, réalisèrent son vœu ; car, trois fois en trois ans, ils opéreront leur jonction avec les Algériens, reliant les oasis du Tidikelt aux rives du Niger.

Le 16 août 1904, le capitaine Theveniaut, escorté par la section de méharistes du lieutenant Jérusalémy, rencontrait à Timiaouine, dans l’Adrar nigritien, la colonne du commandant Laperrine, fort en état de pousser jusqu’à Tombouctou si l’occasion s’en était présentée. Rompus à la vie du désert, très au fait des soins qu’exigeaient leurs montures, les Algériens avaient supporté sans dommage cette longue tournée qu’ils prolongèrent encore avant de regagner les oasis.

Après un parcours moindre, la section soudanaise, encore à ses débuts, perdit presque tous ses chameaux. L’expérience servit pour l’avenir, et la première rencontre des deux reconnaissances françaises en plein Sahara fit sur les nomades un effet considérable.