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l’origine, fut dans la suite pourvu de chameaux, dont il fit une consommation effrayante pendant l’expédition des Oasis ; le second contient en germe les élémens constitutifs des compagnies sahariennes. Cet escadron méhariste de spahis sahariens, pourvoyant eux-mêmes à leur entretien et à celui de leurs montures au moyen d’une solde appropriée à ces besoins, aurait pu protéger nos frontières ou évoluer dans le désert à la poursuite des bandes de pillards. On limita son action à la protection des convois qui s’échelonnaient entre nos postes du Sahara algérien. En réalité, il fallut l’arrivée du capitaine Laperrine en 1898, pour transporter ces méharistes sur un champ plus digne de leurs efforts et développer leurs qualités essentielles.

Le pas décisif fut fait le 1er avril 1902, date de la création des trois compagnies sahariennes du Touat, du Gourara et du Tidikelt, qui devaient se remonter et s’équiper à leurs frais. Chaque compagnie devait comprendre 20 méharistes, 20 cavaliers et plus de 200 fantassins. Cette énorme proportion d’hommes à pied eût enlevé à la formation nouvelle toute son agilité, si le commandant Laperrine, nommé commandant supérieur des Oasis, n’avait progressivement remédié au mal en augmentant le nombre des méharistes, en supprimant les piétons et en ajoutant à ces réformes une série d’améliorations pratiques que le décret du 1er avril 1905 a définitivement consacrées. Aujourd’hui, tous ces tirailleurs sont montés, leur recrutement assuré, l’effectif au complet.

Dans une brochure très documentée[1], le capitaine Métois, qui commandait l’annexe d’In Salah, raconte comment, en créant des élèves méharistes pris parmi les fantassins de bonne volonté qui auraient acheté un chameau, il fit naître chez ses tirailleurs l’espoir d’appartenir un jour à ce corps d’élite et provoqua par ce moyen de nombreux rengagemens. En fait, chaque tirailleur a la perspective d’être nommé méhariste. Quant aux compagnies elles-mêmes, elles forment des corps autonomes commandés par des officiers des Affaires indigènes pourvus de fonctions militaires et administratives. Elles sont organisées et équipées suivant les nécessités du pays qu’elles ont à surveiller.

La première compagnie, montée en chevaux, protège la Zousfana et le Guir ; la seconde, comprenant autant de

  1. La Soumission des Touareg du Nord, Paris, Challamel, 1906.