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d’Afrique ; à ces interminables convois s’acheminant péniblement loin des pâturages sur de misérables pistes où les chameaux succombaient par centaines, voire même par milliers[1].

Grâce à M. Revoil, la question de l’occupation par la France du territoire des Ouled-Djérir et des Douï-Menia fut réglée en principe par des accords avec le gouvernement chérifien[2] ; mais ces accords ne reçurent un commencement d’application que le jour où, M. Jonnart ayant été attaqué par les habitans de Zénaga et les nomades multipliant leurs agressions comme ils le firent à Tarit et à El-Moungar, les pouvoirs publics se décidèrent à donner à la subdivision d’Aïn-Sefra une organisation autonome.

Cet événement, si heureux pour la suite de nos opérations, eut lieu au mois de novembre 1902. Le général Lyautey fut, en effet, dès cette époque, investi de l’autorité directe sur les troupes stationnées dans son commandement, sous le contrôle du ministre de la Guerre et du gouverneur général[3].

Il put, de la sorte, procéder à une série de mesures dont l’effet fut de rendre ses unités plus cohérentes et en même temps plus mobiles. D’autre part, en créant le poste de Colomb-Béchar (11 novembre 1903), il coupa la route aux tribus turbulentes de la Zousfana et du Guir, qui finirent les unes par se soumettre, les autres par composer après de sévères leçons. Quant à la police du désert, elle a trouvé son instrument dans les compagnies méharis tes des Oasis sahariennes, mises au point par le colonel Laperrine.

L’utilisation du chameau dans nos armées n’était pas une nouveauté. On a rappelé à ce propos que Bonaparte en avait fait usage en Égypte et que le général de Galliffet avait monté à méhari ses fantassins, en 1872, pour se porter rapidement sur El-Goléa. Les capitaines Le Chatelier, en 1884, Lamy, en 1893 et, après eux, d’autres officiers d’El-Goléa et de Ghardaïa renouvelèrent ces essais. En décembre 1895, furent créés un bataillon et un escadron sahariens. Le premier, qui n’était pas monté à

  1. Bulletin du Comité de l’Afrique française, supplément de décembre 1901, p. 181-197.
  2. Protocole du 20 juillet 1901 interprétant et complétant le traité du 18 mars 1845.
  3. Revue africaine, n° 257, 2e trimestre, 1905, p. 247. Revue des questions sahariennes, par le capitaine H. Simon (Alger, 1905).