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Partis d’Alger le 15 février 1907, ils atteignent, par le rail, notre poste de Colomb-Béchar, au Sud de Figuig, descendent la vallée de la Saoura, passent du Touat au Tidikelt, pénètrent dans le massif de l’Ahaggar, se séparent dans l’Adrar en vertu d’ordres reçus, et tandis que le lieutenant Cortier, avec cinq hommes, poursuit, dans cette partie saharienne de l’Afrique occidentale française, la série de ses observations astronomiques, le capitaine Arnaud continue sa course vers le Sud, arrive le 22 mai au Niger, descend le fleuve, coupe dans sa longueur le Dahomey pour aboutir, le 23 juin, au wharf de Kotonou.

En quatre mois, ce dernier s’est transporté de la Méditerranée au golfe de Bénin, ayant fourni un parcours de 5 200 kilomètres, dont 1 200 en chemin de fer, 2 200 à méhari, 1 200 à cheval et 600 en pirogues.

Après MM. Arnaud et Cortier, voici M. Félix Dubois qui nous revient, frais et dispos, d’Algérie par le Soudan. Que l’ancien membre de la mission Brosselard-Faidherbe, l’ancien compagnon de l’infortuné capitaine Cazemajou, le séduisant auteur de Tombouctou la mystérieuse ait gagné de Biskra Touggourt, El-Goléa, le Touat, puis continué vers l’Adrar et débouché, un beau jour, dans la vallée du Niger, cela n’a plus rien d’invraisemblable après les exemples que nous venons de citer. Et cependant, comment se défendre d’une surprise nouvelle, en apprenant, de la bouche même du voyageur, qu’il s’est paisiblement et tranquillement livré à l’étude des Oasis sahariennes ; qu’ensuite, pendant six mois, il a vécu en contact permanent avec les Touaregs du Sahara central, entreprenant de véritables excursions dans le massif de l’Ahaggar tout en complétant l’exploration de cette région naguère inaccessible, et cela simplement avec quelques chameliers recrutés çà et là dans les tribus, au fur et à mesure de ses besoins ? La mission Foureau-Lamy, qui fut organisée par la Société de géographie et à qui revient l’honneur d’avoir tracé le premier itinéraire de l’Algérie au Tchad (1898-1900), exigea une année d’efforts et 300 hommes d’escorte pour se rendre d’Ouargla a Zinder. Encore dut-elle renouveler les animaux de son convoi, ses mille ou douze cents chameaux ayant été complètement décimés avant son arrivée dans l’Aïr.

Que s’est-il donc passé au pays de la peur et de la soif pour