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d’immigration en Europe. Ces nouveaux arrivages sont un éclatant témoignage en faveur de ceux qui étaient arrivés du même pays l’année précédente. Ils acceptent volontiers le travail qui leur est offert, particulièrement de ceux de leur propre nationalité et ils sont ardens à mettre de côté la monnaie suffisante et à gagner le nécessaire pour s’engager dans des opérations de ferme à leur propre compte. Je suis heureux de rapporter qu’à travers l’Ouest canadien le Français et le Belge réussissent à prospérer d’une façon très satisfaisante. Leurs opérations en agriculture indiquent l’énergie et la capacité qu’ils savent montrer dans leurs ouvrages. »

De pareils satisfecits auraient pu, semble-t-il, éclairer le gouvernement d’Ottawa et le pousser à encourager l’émigration en pays de langue française. Qu’a-t-il fait ? et, en face de ces 20 agences générales si fortement installées en pays anglais, combien en entretient-il en pays de langue française, en France, en Belgique et en Suisse ? Une, celle de Belgique, car nul ne voudra, je pense, faire entrer en ligne de compte l’agence française qui paraît avoir été si longtemps ensevelie dans le plus profond sommeil. Son titulaire déclare, pendant quelques années, dans son Rapport officiel, qu’il n’a rien à signaler, ayant suivi les conseils de très grande prudence qui lui ont été donnés par son ministère. Puis, il estima sans doute qu’il était superflu de prendre la plume pour dire qu’il ne faisait rien, par ordre, et aucun Rapport d’agent français ne figure plus dans le volume annuel consacré par le ministère de l’Intérieur canadien à l’Immigration.

En revanche, le dernier Rapport officiel de l’agent belge est rempli d’intérêt, pour les Canadiens comme pour nous. M. Treau de Cœli, qui a son centre d’opérations à Anvers, constate que la récente augmentation de la propagande en Belgique (grâce sans doute à M. Smart) donne de bons résultats. Dans les écoles publiques, la géographie du Canada commence à être enseignée. On envoie des atlas et des cartes murales aux conférenciers qui veulent faire connaître le pays. La presse publie des descriptions vivantes de la jeune contrée, de ses productions, de son avenir. Depuis quelques années, des familles belges adoptent un mode de colonisation qui, de l’avis unanime des gens compétens au Canada, je m’en suis rendu compte d’autre part, est le meilleur : les fils de cultivateurs partent en avant-garde, étudient le pays, choisissent le lieu, commencent l’installation et appellent