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Résultat l’année suivante, en 1903 : 41 000 émigrans anglais, au lieu de 19 000 en 1902.

Dès 1899, M. Henri Bourassa avait demandé à la Chambre des communes l’envoi de deux colons belges en Belgique : on n’en tint aucun compte. Les Canadiens-Français devaient s’estimer heureux que, à leurs frais, 55 colons anglais voyageassent en Angleterre.

Homme de vraie intelligence, sans idées politiques totalement fixées et capable, en véritable Anglais, de corriger les siennes par l’observation des faits, M. Smart étudie alors la question de l’immigration française et déclare dans son rapport de 1903 que l’on pourrait recruter des colons français, pourvu que l’on employât les moyens pratiqués depuis un an en Angleterre. Il signale un des obstacles, le manque d’une ligne directe franco-canadienne : à ce souhait répondirent la création et la subvention par le gouvernement fédéral, de la ligne Allan, qui fait un service direct de quinzaine entre Montréal et Le Havre. Il ajoute, que, pour le moment, on aurait plus de facilité en Belgique.

Dans son rapport de l’année suivante (1904) M. Smart revient sur la matière et constate que « les agriculteurs français et belges sont parmi les meilleurs que l’on puisse établir en Canada. » On sent que la question est mûre dans la pensée de cet éminent organisateur. Malheureusement, il quitte le pouvoir en janvier 1905. Personne ne reprend ses vues sur l’émigration française. On se contente de garder avec reconnaissance et de pousser vigoureusement son système d’émigration anglaise et américaine, qui mérite vraiment d’être étudié.

D’abord, dans l’année 1905, le surintendant de l’immigration a fait répandre 3 257 403 brochures et cartes sur le Canada, entre autres certains supplémens spéciaux de journaux américains à 1 million d’exemplaires, des géographies du Canada en anglais à 355 000, etc., etc. Dans cette « littérature, » ne paraissent presque pas de publications en français, sauf une carte de l’Ouest canadien tirée à 200 000.

Ce même haut fonctionnaire a accordé les frais de voyage à 36 délégués qui venaient se rendre compte sur place de la colonisation : 1 Autrichien, 3 Allemands, et 32 des États-Unis[1].

L’organisation anglaise a pour cadres une agence générale à

  1. Report of the Department of the Interior, Immigration, p. 4.