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changea maintes fois de maîtres. En 997, il appartient au couvent de San Gennaro di Campo Leone : l’abbé Ugone le cède à Pérouse en 1184. Cent dix-huit ans plus tard, il soutient victorieusement un siège contre l’empereur Henri VII. Enfin, dans la seconde moitié du XIVe siècle, le pape Grégoire XI le donne à son neveu Roger, comte de Beaufort.

Le 13 septembre 1315 compte dans les annales de Castiglione comme un jour particulièrement illustre. Léon X, qui se rendait à Bologne afin de s’aboucher avec le vainqueur de Marignan, s’arrêta sur les bords du lac avec sa cour, non pour se reposer comme on pourrait le croire, mais simplement pour se livrer au plaisir de la chasse et de la pêche, avant de traiter les affaires de l’État. Le fils du Magnifique avait conservé sous la tiare un goût singulier pour le sport. Un poète du temps, Molosso da Casal-maggiore a mis en rimes latines les exploits cynégétiques des cardinaux qui avaient accompagné le pape Léon sur les terres d’Alexandre Farnèse, le futur Paul III. La pêche exerçait un égal attrait sur l’esprit du souverain pontife, peut-être parce qu’il aimait à voir défiler sur sa table les poissons réputés pour leur délicatesse. L’Italie rivalisait alors avec la France sous le rapport de la cuisine. Lisez la Cronaca Aliprandina et les ouvrages de Vincenzo Tanaro, et vous prendrez quelque idée de luxe des repas à la cour des princes italiens. Ces auteurs auraient appris peu de chose dans le Viandier de Taillevent, « maistre des garnisons de cuisine » du roi Charles VI. La tradition veut que Léon X ait fait son régal des lasche du lac.

Ce fut un autre pape, Jules III, qui fit passer Castiglione entre les mains des seigneurs de la Cornia, ses parens.

La ville repose sur une éminence aplanie dont les pentes s’ombragent d’oliviers. Des murailles vieilles, mais de grande allure, l’enserrent. Par une porte délabrée et une rue étroite, on débouche sur une place vaste et régulière au centre de laquelle un puits arrondit sa margelle. À droite, l’église, qui possède l’œuvre maîtresse du peintre Caporale, un des fondateurs de l’école ombrienne. À gauche, une rue droite, dont les maisons paraissent avoir été bâties la même année par le même architecte, conduit au château.

Cet édifice est l’œuvre de Galeasso Alessi. La façade un peu mesquine ne laisse pas soupçonner la belle ordonnance des appartemens décorés par Zuccari. Ces peintures murales