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Après un assez long silence, il se leva brusquement.

— C’est égal, il ne faut pas se croiser les bras en pareille occurrence. Je vais aller trouver Mounier, il est en rapport avec tout ce monde-là, je lui dirai sérieusement de faire partir la princesse ; il me comprendra, lui, il croira, et peut-être fera-t-il croire les autres.

— Pensez-vous, repris-je, que, par Mme Récamier, je puisse être de quelque utilité ?

— Essayez toujours, cela est sans inconvénient. Il n’y a pas de mal que le tocsin sonne à leurs oreilles de plusieurs côtés.

M. Pasquier partit. Je demandai mes chevaux et je me rendis à l’Abbaye-aux-Bois. J’y appris, alors, le profond mécontentement de M. de Chateaubriand contre Mme la duchesse de Berry et son entourage.

Il avait rompu toute communication, avant son départ pour la Suisse ; et Mme Récamier ne conservait aucune des relations qui l’instruisaient si exactement dans les premiers temps du séjour en France.

Déjouée dans mon espoir, mais excitée par les noires inquiétudes dont j’étais poursuivie et que celles de M. Pasquier n’étaient point propres à calmer, j’allai trouver Mme de Chastellux.

Exaltée, au-delà des plus exaltés de son parti, elle apportait pourtant de l’esprit à travers sa passion, parce qu’elle en avait infiniment.

— Ma chère, lui dis-je en l’abordant, vous avez accueilli d’un sourire ironique l’avertissement que je vous ai donné, il y a une quinzaine de jours, qu’on était dans la disposition sérieuse d’arrêter Mme la duchesse de Berry. Eh bien ! je viens vous dire aujourd’hui que toutes ses retraites sont dénoncées, qu’elle est vendue de plusieurs côtés et sera livrée incessamment. Peut-être est-il encore possible d’éviter ce malheur en la décidant à partir, j’ignore si vous en avez le moyen ; mais il n’y a pas un instant à perdre.

Mme de Chastellux me regardait fixement, elle me tendit la main :

— Vous êtes trop troublée pour n’être pas sincère. Confidence pour confidence. Je suis en rapports directs avec Mme la duchesse de Berry. Elle sera avertie le plus promptement possible, et de plus je ne négligerai rien pour la décider à partir. Elle s’y