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ne connaissons pas une seule Université étrangère où on exige trente heures de travail par semaine. En moyenne, on demande seize heures : seulement le programme des examens est suivi de plus près, plus strictement, les devoirs et les compositions plus soigneusement annotés.

Les seules institutions étrangères qui peuvent être prises comme points de comparaison avec les écoles supérieures et les universités japonaises sont les Écoles spéciales Navale et Militaire. Notre enquête nous autorise à affirmer qu’on exige la présence de l’élève à toutes les conférences ou leçons. Mais il serait téméraire d’affirmer qu’il existe au Japon une seule institution comparable aux écoles militaires et navales de l’Europe et de l’Amérique. Dans ces dernières, le travail dans les classes prend seize heures au maximum par semaine ; en revanche, la préparation, l’étude personnelle est très sérieuse ; il faut être supérieurement doué pour pouvoir répondre à toutes les exigences des maîtres. Une préparation de ce genre n’est pas compatible avec une présence aux cours de quarante heures par semaine. Un jeune homme à l’âge d’étudiant devrait dormir sept heures au moins sur vingt-quatre, et avoir trois heures à consacrer aux repas et aux récréations ; il devrait en plus avoir un jour de repos par semaine. Soit six jours, — ou cent quarante-quatre heures, — en en retirant les soixante heures de sommeil et de repas, il en reste quatre-vingt-quatre. Si on passe quarante heures dans les salles de cours, on aura quarante-quatre heures, ou sept heures par jour, pour préparer ses leçons, étudier les conférences, rédiger les notes et pour l’exercice physique. Le problème paraît impossible à résoudre, Mais quarante heures sont le maximum, vingt-sept le minimum. Ce minimum vaudrait certainement mieux, mais alors il n’y aurait que neuf heures par jour pour la préparation des cours et les exercices. De quelque côté qu’on étudie la question, il est évident qu’on exige trop des élèves, et que le système d’éducation n’est pas ce qu’il devrait être. Pour résoudre le problème, il faut avant tout considérer l’intelligence moyenne et non celle des mieux doués qui ne doivent pas servir de type.


VI

A la question si souvent posée et discutée de savoir si les jeunes Japonais sont intelligens ou non, il est impossible de répondre d’une façon générale. On pourrait tout aussi bien demander si les jeunes gens d’Europe ou d’Amérique sont intelligens ou non. Nous pouvons cependant dire avec plus ou moins d’exactitude que les enfans de l’Europe méridionale sont vifs et imaginatifs ; que la race germanique est réfléchie et travailleuse, tandis que les jeunes Américains sont d’esprit indépendant et pratique. De même nous pourrions affirmer que les enfans japonais sont, en général, précoces et doués d’une aptitude spéciale pour les sciences appliquées et pratiques. En jetant un coup d’œil rapide sur les rapports des écoles supérieures, nous pouvons