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discernement, à un moment où l’introduction en bloc de cette civilisation déjà corrompue et atteinte dans ses œuvres vives devait infailliblement avoir les plus graves conséquences pour les générations futures. Le changement du vieux au neuf se fit trop rapidement et trop radicalement pour ne pas causer du trouble. Les parens furent les premiers à se plaindre. Ils virent avec effroi les enfans rejeter, aussitôt échappés de leur tutelle, toute autorité paternelle, et ils eurent trop souvent à en déplorer le résultat. Les mœurs raffinées, traditionnelles, la discipline, la piété filiale base solide de la vie de famille et de la monarchie, — tout menaçait de disparaître dans un système d’enseignement qui ne laissait pas de place pour le développement de ces qualités de l’âme. Si on a sévèrement critiqué les méthodes d’enseignement supérieur, c’est dans l’espoir d’y porter remède. D’ailleurs ces critiques s’adressaient non à l’organisation, mais aux matières de l’enseignement. Il eût été injuste d’être trop exigeant pour les établissemens mêmes, car les difficultés à vaincre étaient grandes et les dépenses pour les constructions et pour l’entretien considérables. D’autre part, si les professeurs n’étaient pas toujours à la hauteur de leur tâche, c’est qu’il y avait très peu d’hommes compétens pour qu’on pût choisir parmi eux. Tout cela s’arrangera avec le temps et ces questions, si elles ont leur importance sont peu de chose en comparaison des défauts fondamentaux du système même. Les principes étrangers furent enseignés confusément et sans aucun choix. Les matérialistes, par leurs discours brillans et persuasifs, eurent bientôt comme disciples la plupart des étudians. La tendance à un individualisme exagéré mena à la révolte, non seulement contre l’autorité publique mais aussi contre l’intérêt social et national. Déjà, vers la fin du siècle dernier, le danger de troubles était évident ; et la nation, dominée par l’obligation de prévenir une crise économique et financière, dut accepter la tâche laborieuse de rétablir l’équilibre entre les classes ou d’encourir le péril d’une crise morale qui, à un moment donné, semblait inévitable.

L’enseignement supérieur correspond à peu près à celui des autres pays. Le défaut est que les programmes sont un peu trop chargés. Pour répondre à toutes les demandes, l’élève doit prêter une attention continue, et cet effort est certainement nuisible à sa santé. Le nombre infini de nouveaux sujets d’étude, la plupart