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est devenue si confortable et si facile. On ne saurait trop le regretter.

L’esprit de corps se développe là seulement où il y a des traditions, des règlemens et de la discipline. Le meilleur système d’éducation restera incomplet si la sphère d’influence a pour limites la salle d’étude. L’effet bienfaisant des plus célèbres collèges du monde se produit en dehors des leçons et du laboratoire, loin du professeur. Ce qui fait le charme des universités d’Oxford, de Cambridge, de Louvain, d’Inspruck, de Harward et de Yale, c’est la communauté, la vie sociale entre étudians, les traditions et les habitudes qui les soutiennent, l’atmosphère même qui les enveloppe durant les années peut-être les plus décisives de leur existence, les idées qu’ils entendent exprimer, les, horizons qu’on leur ouvre sur le monde moral et sur la conduite à tenir. A plus d’un signe, on peut voir que le Japon commence à remédier au mal, et j’ai grand plaisir à constater que les professeurs des Universités sont parmi les premiers à se préoccuper de l’enrayer. Aux études ordinaires ils ont joint une instruction sur la notion du devoir. Aujourd’hui, dans tout établissement scolaire on enseigne des principes moraux afin de conserver et d’entretenir les bons préceptes tout d’abord reçus dans la maison paternelle et surtout d’empêcher l’oubli des vertus pratiquées par les ancêtres.

Un rescrit sur l’éducation, promulgué en 1890 et signé par l’Empereur, contient la substance de cet idéal vers lequel tout Japonais doit s’acheminer et pour lequel il doit faire de si nobles sacrifices. En voici le texte :


Sachez ceci, vous nos sujets : nos ancêtres impériaux ont fondé notre empire sur une base large et éternelle en y implantant profondément et fermement la vertu ; nos sujets, toujours unis dans leur loyauté et leur piété filiale en ont, de génération en génération, rendu la beauté plus éclatante. Voilà ce qui fait la gloire et le caractère fondamental de notre empire et là aussi gît la source de notre éducation. Vous, nos sujets, soyez obéissans envers vos père et mère, affectueux envers vos frères et sœurs ; comme époux, vivez en bonne harmonie avec vos épouses, soyez fidèles amis ; comportez-vous toujours avec modestie et modération, étendez votre bienveillance à tous, faites progresser la science et cultivez les arts. Ainsi vous développerez vos facultés intellectuelles, vous perfectionnerez vos forces morales. Travaillez pour le bien public et les intérêts communs ; respectez toujours la constitution et la loi ; si un danger pressant survient, offrez-vous courageusement à l’État ; ainsi vous défendrez, vous maintiendrez la prospérité de notre trône impérial aussi durable que le ciel et la terre. Ainsi