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organisation et leur influence. Au temple de Hongwanji, on estime à plus de dix mille le nombre des bonzes et des lamas présens. Un autre fait important et digne d’être noté est qu’ils abandonnent la vie recluse pour s’occuper de prédication, de conférences et d’œuvres philanthropiques et sociales.

L’Eglise catholique que saint François-Xavier établit le premier au Japon, autrefois exposée à maintes vicissitudes et à la persécution, est maintenant universellement respectée. L’arrivée du premier nonce apostolique a fourni au gouvernement l’occasion d’exprimer sa haute appréciation sur l’influence bienfaisante de l’Église, qui se fait surtout sentir dans les écoles, les pensionnats et autres établissemens d’enseignement, entretenus par les missionnaires. En un mot, le gouvernement saisit toute occasion de donner des preuves de sa tolérance envers tout corps religieux ou laïque qui cherche à relever le niveau de l’éducation et à s’occuper de bonnes œuvres. M. Hayashi, ministre des Affaires étrangères, dans une réunion publique, expliquait tout dernièrement ces tendances de la nation, et appuyait sur l’intérêt que le Japon prend aux efforts des étrangers qui travaillent dans un esprit noble et dévoué.

Les nombreux visiteurs venus des quatre coins du globe pour assister à tous ces Congrès doivent être satisfaits de la réception qu’on leur a faite. Sans aucun doute ils emporteront un souvenir agréable de leur séjour et la conviction que le Japon est sincère dans les assurances qu’il donne, et dans le concours efficace qu’il prête à tout ce qui tend au bien de l’humanité. Rien n’a manqué à l’accueil, car l’Empereur lui-même a envoyé aux congressistes un témoignage de sa sympathie.

On ne peut douter de cette sincérité. Le premier souci, — une fois la protection de la frontière assurée, l’ennemi vaincu et la réorganisation des affaires commerciales et industrielles achevée, — a été de rétablir l’équilibre social. La rapide transformation de la nation avait éveillé, chez les masses qui sommeillaient depuis des siècles, le sentiment des réalités de la vie et de la lutte pour l’existence. Elles avaient vécu loin de tout mouvement et, subitement, elles se sont trouvées emportées par le courant des idées modernes, des pensées nouvelles. Comment nous étonner si le danger d’un soulèvement d’ordre social est devenu plus imminent ? Le mécontentement augmente depuis la guerre, et non pas uniquement parmi les générations nouvelles. Dans