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pas encore fait et ce que nous sommes en train de défaire. Nous croyons le moment propice à une réunion internationale sur ce terrain. Cette assemblée est la première en son genre qui ait eu lieu dans notre pays, ce qui a pour nous une importance que nous apprécions à sa valeur. Votre présence nous fait mieux que jamais comprendre comment, d’un rang relativement inférieur et sans réelle importance dans les affaires humaines en général, notre capitale s’est élevée au niveau d’une cité mondiale. Oserions-nous formuler l’espérance de voir cette assemblée convoquée au nom de la religion, — d’une religion de bonne volonté envers tous les hommes, disposée à les servir tous utilement sans distinction de race ou de personne, toujours prête à aider au progrès social et moral, parlant au nom de celui qui fut nommé le Prince de la paix, — oserions-nous, dis-je, espérer voir cette assemblée étendre son influence au loin, rapprocher l’Orient de l’Occident, et amener enfin une ère de paix, ère nulle part plus ardemment souhaitée qu’au Japon ? La doctrine chrétienne est peu connue parmi nous ; mais nous savons par son histoire que l’objet constant de sa préoccupation a été de relever, d’élever l’homme. C’est dans cet esprit de large humanité que nous vous accueillons aujourd’hui. Au nom de l’Extrême-Orient et de la ville de Tôkyô, nous vous remercions d’être venus. En briguant l’honneur de vous inviter, nous avons voulu témoigner de l’intérêt que nous inspirent vos travaux, de la sincérité de nos vœux pour votre succès, et de notre sympathie.


Si l’on songe que la liberté dépensée date de quelques dizaines d’années seulement au Japon ; que les chrétiens y étaient persécutés il y a un demi-siècle à peine, le langage du maire de Tôkyô est significatif. Le même ton tolérant et aimable se retrouve dans tous les discours prononcés au Congrès et aux réunions religieuses ou humanitaires. Au moment de la Restauration, on évitait toute allusion à des questions non seulement religieuses mais simplement morales. Aujourd’hui au contraire, on en recherche la libre discussion. A l’appui de cette assertion, il suffira d’attirer l’attention sur les diverses sectes boudhistes, les Zen, les Shingon, les Monto, les Yodo, les Tendai et autres d’importance moindre, qui ont des millions d’adeptes dans le pays. Toutes ont augmenté en nombre depuis la guerre et ne limitent plus leur activité à d’anciennes pratiques ; elles tiennent des réunions, prêchent et s’intéressent aux œuvres philanthropiques. Combien nous voilà loin de l’état de choses qui existait au commencement du siècle, quand le gouvernement cherchait à combattre et à détruire les boudhistes !

Les fêtes en l’honneur du jour de naissance de Shaka, — le Maure, — leur ont permis de montrer tout particulièrement leur