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montré à la nation et au monde entier la part qu’il prenait à ce mouvement intellectuel. Les réunions, les assemblées, les congrès internationaux étaient à l’ordre du jour, et le même accueil hospitalier accordé à tous. Du commencement d’avril jusqu’à la fin de mai, à Tokyo seulement, il y eut douze assemblées et conférences sur divers sujets. La presse s’y montra favorable, et l’autorité fut toujours bienveillante. Les corps religieux, comme les institutions des différentes sectes, reçurent tous un encouragement paternel ; chrétiens et boudhistes furent accueillis avec une égale courtoisie. Ces réunions furent toutes l’occasion de discours faits par des « leaders » nationaux, des ministres et des citoyens éminens.

L’installation de Mgr Mugabour à l’archevêché de Tôkyô, après plus de trente ans d’un labeur incessant et d’une existence tout entière consacrée aux pauvres, la réunion plénière des méthodistes, l’arrivée d’un général de l’armée du Salut, l’assemblée des sectes boudhistes et la convocation des instituteurs, sans parler d’autres cérémonies, fournirent autant de prétextes à des discours et à des articles de journaux, donnant au pays l’assurance que le gouvernement voyait ces manifestations d’un œil favorable. Entre les plus remarquables, on peut citer l’allocution prononcée à l’ouverture du Congrès international de l’Association des jeunes gens par le maire de Tôkyô pour célébrer la réception officielle des étrangers qui y avaient été conviés. Ce discours, quoique très court, fit un effet considérable et fut immédiatement reproduit dans tous les journaux japonais et étrangers. C’était plus qu’un souhait gracieux, c’était l’expression même des sentimens du pays depuis la guerre : M. Osaki s’exprimait ainsi :


Je souhaite, au nom des représentans de la ville de Tôkyô, une cordiale bienvenue aux délégués de la Fédération universelle des étudians chrétiens (of the World’s Christian Student Federation). C’est un grand honneur pour nous que nôtre ville ait été choisie comme lieu de rendez-vous d’une assemblée aussi auguste. Située comme elle est, tout à fait à l’Extrême-Orient, avec des mœurs et des coutumes opposées aux vôtres, parlant une langue qui n’a aucune affinité avec les langues de vos nations, cette cité vous offrira peu de confort et de commodités. Mais quant à notre estime et notre sympathie, vous pouvez être assurés qu’elles vous sont acquises. L’endroit n’offre guère d’attractions, mais nous espérons que votre expérience, votre sagacité, vous y feront observer des sujets dignes de votre attention et de votre sollicitude. Nous désirons vous montrer, et ce que nous avons fait, et ce que nous faisons ; vous expliquer ce que nous n’avons