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trouver toujours un régulateur, un modérateur, auprès d’une opinion formée aux affaires et habituée à les suivre, où d’ailleurs leurs actes ne relèvent pas de la juridiction civile, ouverte à tous, mais d’une juridiction spéciale et d’accès difficile ; dans un pays enfin où le suffrage égal et par tête, de lui-même improportionnel et arbitraire, règne souverainement, sans contrepoids ni tempérament, et où, plus que partout ailleurs, il est vrai de dire que le « grand nombre qui vote peut impunément surcharger le petit nombre qui paie ! » L’étude des résultats du socialisme municipal en Angleterre doit donc nous convaincre de cette vérité que, malgré les apparences, le « municipalisme » n’est pas fait dans l’intérêt de tous, mais de quelques-uns, et qu’à défaut de la concurrence libre, les villes peuvent et doivent trouver dans le régime de la concession les mêmes avantages que dans celui de l’exploitation directe, moins le risque financier, les fâcheux effets économiques et les dangers politiques et sociaux inhérens à la « municipalisation. » A chacun sa fonction : faites pour administrer, les municipalités ne sont pas faites pour exploiter des industries, pratiquer le commerce, ou se faire entrepreneurs de travaux ; c’est la leçon de l’expérience anglaise en même temps que la règle du bon sens.


L. PAUL-DUBOIS.