Page:Revue des Deux Mondes - 1908 - tome 44.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

agrandissemens est tombée ; chacun va étudier de plus près les conditions de sa production ; les ouvriers, si difficiles à conduire et parfois si injustes dans leurs exigences, se rendront compte des difficultés auxquelles se heurtent les entreprises ; la baisse de prix des matières premières contribuera à diminuer les prix de revient. Si les dividendes subissent des réductions et que les cours des principales valeurs, qui ont déjà payé un large tribut à la baisse, fléchissent encore, le moment sera propice pour nous : les époques de troubles politiques, a dit M. Paul Leroy-Beaulieu, sont celles où le capitaliste moissonne, parce qu’il obtient à bon marché les emprunts d’Etat. Les périodes de dépression industrielle, ajouterons-nous, sont celles où l’homme de sang-froid, qui ne se laisse pas troubler par l’apparence inquiétante du moment, doit engager ses réserves dans les entreprises fondées sur la production d’objets nécessaires à la vie moderne. Le monde ne s’arrête pas ; la courbe qui est descendue remontera. Nous ne pouvons prédire la date exacte à laquelle l’Allemagne, comme les autres peuples, reverra les jours brillans de 1899 et de 1906, les demandes multipliées de produits, les hausses de salaires et de prix, l’enthousiasme des centres industriels et des marchés financiers. Mais nous sommes certains du retour de ces phénomènes d’alternance qui se manifestaient déjà en Égypte, au temps de Joseph et des Pharaons, et qui doivent être toujours présens à l’esprit de ceux qui veulent s’élever au-dessus des agitations du moment et embrasser d’un coup d’œil expérimenté la marche assurée de l’évolution économique.


RAPHAËL-GEORGES LEVY.