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parfaite solvabilité, ni par suite l’excellente qualité de ses engagemens.


VI

Si nous venons de rappeler l’organisation des finances publiques et d’en indiquer à grands traits la physionomie, c’est que dans aucun pays elle n’est sans influence sur la marche générale des affaires et sur l’économie industrielle, agricole et commerciale de la nation. En Allemagne, la situation quelque peu précaire du budget, qui est toujours en équilibre instable, pèse sur les marchés financiers. Comme, de plus, une très mauvaise législation de bourse y restreint les opérations, et y a supprimé, pour beaucoup de valeurs, les négociations à terme, les fonds publics, dont le débouché est restreint, y viennent à de fréquentes reprises faire concurrence aux entreprises particulières. La nature et l’assiette des divers impôts, — et nous ne devons pas seulement considérer ceux de l’Empire, mais aussi ceux des États particuliers, — jouent leur rôle en gênant le développement de certaines activités. Mais, tout bien considéré, on ne saurait dire que les finances publiques soient ici une cause de perturbation pour la communauté des affaires. Nous avons vu, d’autre part, que l’organisation de la Reichsbank, des banques de crédit et des banques hypothécaires, sous réserve de la séparation qui reste à établir entre les banques d’affaires et les banques de dépôt, est bien adaptée aux besoins et à l’état d’avancement économique du pays. Quel jugement devons-nous donc en fin de compte porter sur la situation de l’Allemagne ? Les inquiétudes qu’elle a causées vers la fin de 1907 sont encore présentes à toutes les mémoires. Beaucoup de prophètes prédisaient alors les pires catastrophes ; à les entendre, la position des banques était compromise par les crédits exagérés qu’elles avaient consentis aux entreprises industrielles. Les taux excessifs de l’escompte et des avances qui se pratiquaient avaient contribué à accroître l’anxiété générale ; les nouvelles de New-York amenaient les financiers européens, en particulier à Londres et à Paris, à établir involontairement certaines analogies, et à redouter des surprises semblables à celles dont ils avaient été les témoins, et dans certains cas les victimes, au cours de l’automne.

Il n’en a rien été ; et cela ne devait pas être. Les grandes