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lettres de voiture, les automobiles, les tantièmes des administrateurs de sociétés anonymes, les billets de loterie, et, depuis 1907, pour la première fois, les successions autres que celles qui sont dévolues aux enfans ou aux conjoints. L’établissement de cette taxe successorale marque une évolution importante dans la politique financière allemande. Jusque-là l’Empire ne percevait pas d’impôts directs, réservés par une sorte d’accord tacite, aux États particuliers, qui ont, pour la plupart, établi un impôt sur le revenu, augmenté parfois d’un impôt complémentaire sur le capital. Certains théoriciens estiment que l’impôt sur les successions ne doit pas être rangé parmi les impôts directs : il n’en est pas moins au premier chef une charge sur la propriété et se distingue donc nettement des autres taxes qui jusqu’ici alimentaient le Trésor impérial.

Mais, même avec cette ressource nouvelle, le budget ordinaire est loin de s’équilibrer, et 300 millions de marks sont demandés, à titre de contributions matriculaires, aux États confédérés, parmi lesquels la Prusse paie 180 millions et Schaumburg-Lippe 217 000 marks. Ces contributions sont la pomme de discorde perpétuelle entre l’Empire et ses suffragans. A plusieurs reprises, il a été question de les supprimer et d’abandonner à l’Empire la totalité des impôts de consommation, parmi lesquels il répartit encore aux États particuliers ceux qui frappent l’alcool elles droits de timbre. Une des raisons qui ont empêché cette réforme d’aboutir intégralement est que les États particuliers craignent que, le jour où il n’aurait plus à leur demander aucun concours direct, l’Empire ne se lance encore plus dans la voie des dépenses excessives, et que, pour y subvenir, de nouveaux impôts ne soient inévitables.

D’ailleurs aujourd’hui déjà les revenus patrimoniaux, les impôts et les contributions matriculaires réunis ne suffisent pas à couvrir les dépenses : pour les équilibrer, il faut user de l’expédient suprême qui joue un rôle si fâcheux dans les finances des États modernes, l’emprunt. C’est ainsi que le budget allemand 1907-1908 (l’année budgétaire va du 1er avril au 31 mars) n’est bouclé que grâce à une émission de rentes pour un montant de 254 millions de marks, destinés à couvrir le déficit du budget extraordinaire. Celui-ci se compose de dépenses dont la plupart n’ont pas un caractère exceptionnel, et qui, notamment en ce qui concerne la Guerre et la Marine, se représentent