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payée par la France, a beau être entamé tous les ans de façon à ne plus guère représenter qu’un tiers de ce qu’il était au début : l’équilibre n’est pas obtenu. La constitution permettrait bien de l’établir au moyen de contributions, dites matriculaires, c’est-à-dire proportionnelles à la population, versées au trésor central par les États confédérés : mais le chancelier n’aime pas à faire sentir trop lourdement à ceux-ci le poids des charges impériales, et il préfère créer des rentes dont les coupons seuls s’inscrivent au budget ordinaire, tandis que le capital réalisé couvre les besoins du budget dit extraordinaire, et qui ne l’est que par la façon dont il est alimenté, mais non par la nature de ses dépenses : celles-ci réapparaissent chaque année avec une régularité inquiétante pour le contribuable. Il faut, malgré tout, de nouvelles ressources aux finances impériales, et depuis quelques années, la préoccupation des secrétaires d’État qui se succèdent à l’office du Trésor est de trouver des impôts qui comblent, au moins en partie, les déficits chroniques.

L’Empire a trois sources de revenu : celui qu’il tire de son patrimoine, les taxes prélevées en vertu de lois votées par le Parlement, enfin les contributions que la Constitution de 1871 l’autorise à demander aux royaumes, principautés, duchés et villes, dont la réunion forme l’Allemagne. Le patrimoine impérial, très inférieur à celui de plusieurs des royaumes confédérés, ne se compose que des chemins de fer d’Alsace-Lorraine ; l’exploitation de ces lignes, jointe à celle du réseau luxembourgeois qui, en vertu de traités, est assurée par la direction générale de Strasbourg, laisse en ce moment un excédent net d’une trentaine de millions de marks ; il faut y joindre les 3 millions de bénéfices que donne l’imprimerie impériale, une centaine de millions d’excédent des recettes sur les dépenses de l’administration des postes et télégraphes, une vingtaine de millions qui représentent la part du Trésor dans les bénéfices de la Banque de l’Empire, et la taxe prélevée par lui sur la circulation de billets. L’ensemble de ces revenus s’élève à plus de 150 millions et dépasse ainsi la somme requise pour le service annuel de la Dette. On pourrait y faire figurer les revenus du fonds des invalides. Mais les sommes provenant des intérêts et de la réalisation successive du capital de ce fonds ayant une destination spéciale, il vaut mieux ne pas les comprendre dans le compte budgétaire général.