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continuaient pas moins à recueillir de nouveaux capitaux. Au cours des onze premiers mois de 4907, il a encore été créé pour 1 222 millions de titres de cette nature, c’est-à-dire un dixième de moins seulement que pendant la période correspondante de 1906. Les émissions d’autres titres n’ont guère porté que sur des emprunts d’État et de villes, qui avaient besoin de fonds à tout prix pour équilibrer leurs budgets et qui ont dû les céder à des conditions d’intérêt relativement élevées ; même les obligations hypothécaires, dont le débit est, en général, si large en Allemagne, n’ont été admises sur le marché qu’en quantité modique, 51 millions de marks au lieu de 151 millions en 1906.

En présence d’un ensemble d’indications favorables à l’industrie, on doit se demander pourquoi, depuis de si longs mois, il était question de crise et quels symptômes avant-coureurs d’un changement ont pu justifier le pessimisme du monde financier, précisément en ce qui concerne l’avenir de cette industrie. En voici quelques-uns. Les Allemands tiennent une statistique minutieuse de ce qu’ils appellent le marché du travail, qui note, pour chaque centaine d’emplois vacans, le nombre correspondant de demandes. Nous empruntons au Journal de Francfort le tableau qui donne, pour les onze premiers mois de 1906 et de 1907, le relevé de ces demandes pour 100 vacances :


Janvier Février Mars Avril Mai Juin Juillet Août Sept. Octob. Nov.
1906 139 125 102 99 101 102 105 98 91 107 138
1907 126 106 94 97 100 94 115 106 101 123 149

On voit avec quelle rapidité, à la fin de l’année dernière, les demandes de travail ont augmenté : c’est là un signe du ralentissement de l’industrie. D’autre part, les prix fournissaient une indication analogue : depuis la fin de 1902, la moyenne des prix des 22 principaux articles de consommation, relevés par l’Economist de Londres, avait passé de 2 003 à 2 342 fin 1905, à 2 499 fin 1906 et à 2 601 fin mars 1907. Mais alors la courbe change de sens : fin juillet, nous sommes à 2 571 ; fin août à 2 519 ; fin septembre à 2 457 ; fin octobre à 2 414 ; fin novembre à 2 360, ce qui nous ramène à peu près au niveau de l’été 1906. Cette moyenne, bien que significative, n’est d’ailleurs pas une démonstration complète. La chute des cours d’un métal comme le cuivre, qui a été précipité en peu de mois de 2 700 à 1 500 francs la tonne, entre pour une forte part dans le recul. En ce qui