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Amis, que ces beaux fruits que toucheront vos mains
Rappellent à vos cœurs des jeux déjà lointains !
Fut-il de plus doux fruit que ma bouche vivante ?

Et moi, je sourirai sous l’émail précieux
Et que décore la banderole où vos yeux
Liront qu’Alda fut belle et qu’Alda fut galante.


LE SURNOM


Francisco Maurocenio, Peloponnesiaco, adhic viventi.
(Inscription au monument du doge Francisco Morosini, dit le Poloponnèsiaque.)
 
Ce fut « vivant en cor » que Venise à ta gloire
Vota l’honneur du bronze et voulut, ô guerrier
Dont le bras lui conquit la terre du laurier,
Qu’à ton nom s’ajoutât le nom de ta victoire.

Afin de ne pas être ingrate à ta mémoire
Et sachant l’homme enclin à trop vite oublier,
Pendant que durait l’œuvre et vivait l’ouvrier,
Elle a payé sa dette et devancé l’Histoire.

C’est pourquoi, Francesco Morosini, tes yeux
T’ont pu voir dans l’airain civique, glorieux,
Tel que contre le Turc tu commandais l’attaque,

Et que, sur ta galère à quadruple fanal,
Doge au noble surnom, Peloponnèsiaque,
Tu serrais à ton poing le lourd bâton ducal !


L’ADIEU


« Elle se déclara fort contente de son séjour à Venise, et quand elle en partit, nous l’accompagnâmes jusqu’à Vérone. »
(Chronique de Baldassaro Aldramin.)

Que leur aurez-vous dit de la ville aux beaux noms
Qui fait Zani, de Jean, et, de Louis, Alvise,
Et dont notre mémoire à nos yeux divinise
Le prestige émouvant où nous nous enivrons ?