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POÉSIES


LE CYPRÈS


Si, plus doux, le parfum des roses dans le soir,
Au fond du jardin sombre où le silence écoute,
Se mêle au bruit plus frais de l’eau qui, goutte à goutte,
Déborde de la vasque et coule au réservoir ;

Si, dans l’ombre plus solennelle, je crois voir,
— Moi dont le long amour pensait te savoir toute,
O cher visage auquel un prestige s’ajoute, —
Ton regard plus profond, plus secret et plus noir,

C’est que j’évoque alors, auprès d’autres fontaines,
D’autres roses en fleurs, puissantes et lointaines,
Que Brousse ou que Damas colorent de leur sang,

Et qu’un charme nouveau, de là-bas, t’a suivie
Pour avoir entendu dans les nuits d’Orient
Le rossignol gémir sur les cyprès d’Asie.