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Chambre arrivant à l’expiration de son mandat, le cabinet a remis sa démission au prince qui l’a acceptée. Son journal Nov Vek explique ainsi sa résolution : « Le gouvernement a cru utile de donner sa démission dans un dessein d’intérêt national. Il n’était en désaccord ni avec le chef de l’Etat, ni avec la représentation nationale, il n’y avait pas même de désaccord entre les membres du cabinet. Sa retraite n’a d’autre raison d’être que l’expiration du mandat constitutionnel de la Chambre dont la confiance lui permettait de gouverner le pays. Il laisse ainsi toute liberté à un autre cabinet de consulter la volonté du pays. » Equipe fatiguée ! Le prince n’a pas fait appel aux deux principaux partis d’opposition, ni aux Tsankovistes (progressistes) dirigés par M. Daneff, ni aux nationalistes (anciens Stoïlovistes) qui reconnaissent pour chef M. Ivan Guéchoff ; il est allé chercher des hommes nouveaux, jeunes, groupés depuis peu autour d’un chef dont le nom était hier encore inconnu, M. Malinoff ; ils s’intitulent démocrates ; c’est une fraction dérivée de l’ancien parti Karaveliste ; elle est surtout dirigée par des professeurs, des publicistes, des intellectuels. Dans le Sobranié actuel, ce parti n’a que trois députés ; il reviendra probablement en majorité après les élections : en tout cas, il gouvernera tant qu’il paraîtra au prince que le bien du pays et le succès de sa politique extérieure l’exigent.

Ainsi, malgré les luttes des partis et les rivalités des hommes, la stabilité gouvernementale résulte de l’action personnelle du souverain, et celui-ci est en parfaite communion avec la masse du pays qui travaille et se développe dans la paix et le calme. Les divisions politiques, querelles de coteries et conflits d’ambitions, n’atteignent pas un peuple de paysans et de petits artisans, laborieux et économes, qui n’a aucune éducation politique et qui, il y a trente ans, vivait encore sous le joug des Turcs ; il se contente de jouir, sans s’en laisser enivrer, de son indépendance et de sa liberté. Et l’on ne sait, en vérité, ce qu’il convient d’admirer davantage, ou du prince qui sait faire accepter de tous son autorité bienfaisante, ou du peuple qui a le bon sens de se laisser conduire.


III

La force de la Bulgarie, son avenir, est dans la masse de ses paysans. La Bulgarie est une démocratie rurale, un pays de