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chargé de représenter à la Porte la situation difficile de la Bulgarie, les désirs pacifiques de son gouvernement contrariés par le courant d’opinion qui l’entraînera vers la guerre, si des satisfactions et des réformes sérieuses ne sont pas accordées aux populations chrétiennes de Macédoine. Le prince Ferdinand, par cette politique, se maintient d’accord avec les « puissances de l’entente : » Russie et Autriche-Hongrie. Mais l’application du programme de Muerzsteg est trop lente et ne donne que des résultats insuffisans : la diplomatie bulgare s’emploie à ramener la France et l’Angleterre, qui viennent de se « rapprocher, » à une ingérence plus directe dans les affaires balkaniques. Nous avons vu comment la création du contrôle financier et des missions militaires européennes a été le fruit de cette intervention. La politique des Stamboulovistes, revenus au pouvoir en 1902 (cabinet Pétroff-Petkoff, puis Petkoff seul après la démission du général Pétroff, puis Goudeff après l’assassinat de Petkoff), a consisté précisément à obtenir, par l’intermédiaire de l’Europe, des réformes en Macédoine. Les chefs de l’Organisation donnaient pour mot d’ordre aux bandes de s’abstenir de toutes violences. Sarafoff lui-même avait renoncé à la lutte armée ; il n’espérait plus que du temps et des circonstances la libération de la Macédoine ; c’est comme modéré qu’il a été récemment assassiné avec Garvanoff. M. Stancioff, en succédant, en septembre 1906, au général Pétroff comme ministre des Affaires étrangères, pouvait dire, dans son premier discours au Sobranié : « Il m’est agréable de constater que nos relations avec les grandes puissances sont plus que bonnes. Par la voie d’un développement pacifique qu’elle ne cesse de suivre, par le souci constant qu’elle a de faire honneur à ses engagemens internationaux et par l’idée claire qu’elle s’est formée de sa situation dans la péninsule des Balkans, la Bulgarie gagne de plus en plus dans l’estime et dans la sympathie des puissances. »

Avec M. Stancioff, la diplomatie princière, tout en restant en excellens termes avec toutes les puissances, a d’abord paru se rapprocher davantage de Vienne. La retraite du comte Goluchowski rendait les relations plus faciles. Le ministre qui avait vu naître les petits États balkaniques ne pouvait s’habituer à compter avec eux et les traitait en quantités négligeables ; il paraît, en outre, avoir eu une animosité personnelle contre le prince Ferdinand auquel il ne pouvait pardonner, après qu’il