Le culte des saints répand sur tous les siècles du moyen âge son grand charme poétique. On dirait pourtant qu’ils ne furent jamais plus aimés qu’au XVe, au XVIe siècle, à la veille du jour où la moitié du monde chrétien allait renier ses vieilles amitiés. La quantité d’œuvres d’art qui leur fut alors consacrée tient du prodige. En Champagne, la moindre église de village nous montre encore aujourd’hui deux ou trois statues de saints, deux ou trois vitraux légendaires, — œuvres charmantes du moyen âge qui finit. Il en fut ainsi dans toute la France. Là où les œuvres d’art ont disparu, il reste au moins les documens.
Il n’y avait pas que les églises qui fussent décorées de l’image des saints. Les saints étaient partout. Sculptés aux portes de la ville, ils regardaient du côté de l’ennemi et défendaient la cité. A chacune des tours d’Amiens, saint Michel, saint Pierre, saint Christophe, saint Sébastien, sainte Barbe, sainte Marguerite, saint Nicolas, se tenaient debout comme autant de sentinelles. Une statue de saint semblait aussi utile à un château fort que de bonnes meurtrières. Cet étourdi de Duc d’Orléans avait fait décorer Pierrefonds de l’image des preux : il ne lui en