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disparaissent sous un épais badigeon blanc. L’édicule carré que surmonte le dôme prend son jour par de vastes arcades donnant sur une galerie en cloître encore plus largement évidée. De ses baies, quatre, profondément ébrasées, possèdent un rempli formant siège. Leur tympan est percé de trois fenêtres carrées que surmontent six fenêtres ogivales ; et de chaque côté de l’embrasure, c’est une fenêtre carrée avec une, en arc, au-dessus. La large assise de la loge centrale servait, si l’on en croit la tradition, de trône au prince hindou qui venait siéger là en conseil.

À côté de cette loge en lanterne, dont il est impossible de dire nettement si sa tradition est djaïnique ou mauresque, tant elle rappelle et les sépultures de Golconde et certains détails des temples du mont Abou, — à côté de cette loge, se voient les ruines d’un pagotin de même style, entouré de colonnes : la catchery royale, déclare un guide, ou, si vous préférez, le tribunal. Les dalles de son plafond rayonnent autour du quadrilatère central. Tout indique un sanctuaire dévasté, qui fut, à l’origine, consacré au dieu Krischna par les brahmes. L’image de cet avatar de Vichnou se répète sur les piliers. Tous sont d’un excellent travail, tandis que ceux du mandapam périphérique ne se rehaussent d’aucune sculpture. Le gopura, dans son affreuse misère, garde encore sa coupole surbaissée de style djaïna. Un semblable dôme couronne le portique d’une pagode placée plus au Nord. Deux dômes, parfaits monolithes, — et qui n’ont rien de musulman, — gisent à même le roc, près des pagotins en gneiss précieusement sculptés, dont on les précipita. La pagode dont ils dépendaient a été saccagée avec un acharnement sauvage. Où que je regarde, ce ne sont que troncs décapités de dieux et de déesses, qui s’allongent autour du sanctuaire où, paraît-il, — si j’en dois croire un vieil habitant, — fut trouvé le fameux trésor de Genji, ou un autre. Hyder-Ali, après Sivadji, et leurs pareils ont laissé là des traces irrécusables de leur passage. Mais, sans se payer de mots, ne peut-on laisser, planer un pareil soupçon sur les troupes de Bussy ou de Clive ? La guerre a ses nécessités qu’il faut savoir excuser.

Par une extraordinaire fortune, quelques figures ont échappé à cette rage d’iconoclastes. J’en relève sur les piliers quelques-unes d’un beau style, à peu près identiques à celles de Vellore. L’action du temps les a rendues si frustes qu’on ne peut guère juger du modelé. Seules les proportions parlent et crient la