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LES

YEUX QUI S’OUVRENT

DERNIÈRE PARTIE (2)

XVI. — LES RAMEAUX

A la fin de mars, dans les pays de montagnes, l’hiver règne encore. Pourlanl, le jour des Rameaux, sous un timide soleil qui donnait au ciel pâle la teinte de la perle à la lumière, Grenoble renaissait dans son horizon de neige. Devant le portail de la cathédrale, des marchands venus de loin, et même d’au delà des Alpes, en avant-garde du printemps, montraient et offraient aux fidèles qui se rendaient à la messe leurs amas de branches vertes, petite forêt morte qui se dispersait avec les passans pour se reconstituer à liatéricur où toutes ces palmes se replantaient de main en main. Par anticipation ils criaient :

— A deux sous le buis bénit!

N’était-ce pas une bénédiction déjà, que la vue de cette verdure fraîche quand les arbres ne portaient pas de bourgeons? Elisabeth qui conduisait à l’église Marie-Louise et Philippe

— ce dernier avait promis d’être sage pendant l’oftîce, — s’arrêta devant un de ces étalages improvisés pour choisir trois rameaux. Distraite, elle donna plus de sous qu’une brune fillette déguenillée ne lui en demandait.

(1) Publislied, Februanj fiisl, nineleen kundred and eight. Privilège of copijrif /hl Uniled States reserved,under the Act approved Mardi third, nineteen hundred and five, by Pion et Nourrit.

(2) Voyez la Prévue des 1" et 15 décembre 1907 et des l" et 13 janvier. TOME XLIII. — 1908. 31