- Théâtre de l’Opéra : Le Lac des Aulnes, ballet de M. Henri Maréchal. — Théâtre de l’Opéra-Comique : Le Chemineau, drame lyrique en quatre actes ; poème de M. Jean Richepin, musique de M. Xavier Leroux. — Iphigénie en Aulide, de Gluck.
Le Lac des Aulnes fut quelque chose comme le dernier acte de M. le directeur de l’Académie nationale de musique, son geste suprême et son adieu dansant. Insister sur ce petit rien final serait inutile d’abord et puis sentirait peut-être, sinon l’ingratitude, au moins l’incivilité. Saluons plutôt la direction qui vient de s’achever et souhaitons la bienvenue à celle qui commence. Elle annonce, pour ses débuts, une reprise de Faust. Elle a raison. Dans le chef-d’œuvre de Gounod, tout est à reprendre.
Un soir de l’été dernier, étant entré par hasard à l’Opéra, nous « tombâmes » sur Faust. Impossible de plus mal tomber. Le spectacle, tout le spectacle, avait quelque chose d’attristant. Dans la salle, un public étrange. A l’orchestre, un bicycliste en costume. Dans les loges, on parlait comme l’hiver, et même davantage, car c’était en toutes les langues.
L’exécution fut digne de l’assistance. Vous connaissez peut-être le mot de Gounod : « II suffit d’un interprète pour calomnier un chef-d’œuvre. » Pour diffamer le sien, ils s’étaient, ce soir-là, mis à plusieurs, ils s’y étaient mis tous, et j’admirai leur émulation impie. Elle s’exerçait à la fois dans l’ordre de la violence et dans celui de la rapidité. Pour la vitesse et le fracas, on n’était plus à l’Opéra, mais au vélodrome. Le tournant de certaines phrases, comme la reprise de la Kermesse ou le refrain du Veau d’or, donnait la sensation et l’angoisse