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au moins de quelques collaborateurs dévoués, la discipline qui a si bien réussi pour la statistique des taches, rassembler des images quotidiennes du Soleil avec des diamètres uniformes, se mettre d’accord pour la grandeur de la dispersion, la largeur des fentes, le choix de la raie spectrale. Les vues échangées à Meudon ont paru montrer que, sur tous ces points, l’entente était bien près d’être faite. Peut-être est-on moins fixé sur la manière d’utiliser les documens, de les fondre en des moyennes équitables, de les traduire en tableaux graphiques. Les flocculi n’ont pas des limites aussi définies que les taches ; leur aire totale est quelque peu sous l’influence du temps de pose, et leur émiettement rend les mesures laborieuses. M. Hale a fait faire un grand pas à la question par l’invention d’une machine (l’héliomicromètre) qui supprime la plus grande partie des calculs. Il a entrepris aussi de démontrer que le spectrohéliographe, généralement considéré comme un appareil coûteux et délicat, réservé aux grands observatoires, peut être établi sous une forme efficace à très peu de frais. Ce dernier argument sera certainement pris en considération dans les nombreuses contrées où la science est moins largement dotée qu’en Amérique. Dès à présent, les États-Unis, l’Europe occidentale, la Sicile, l’Inde, possèdent des installations excellentes et des observateurs exercés. L’établissement d’une station en Australie diminuerait heureusement la vaste lacune qui existe entre l’Inde et la Californie. Cette mesure est réclamée par un vœu unanime du Congrès de Meudon. Lorsque la surveillance des éruptions sera ainsi pratiquée d’une manière presque incessante, nous apprendrons sans doute ce qui, dans le Soleil, correspond au début presque toujours si brusque des perturbations magnétiques. Les éruptions du fer ont bien des chances d’être, pour cet objet, plus instructives que celles du calcium, et surtout que la formation apparente des taches, qui n’est qu’un contre-coup irrégulier et tardif.


Il faut cependant se souvenir que les observations spectroscopiques du Soleil n’embrassent encore qu’un demi-siècle, période assurément bien restreinte dans révolution d’un corps céleste. Personne ne peut se croire autorisé à désigner avec certitude les radiations qui subiront avec le temps des changemens marqués et instructifs. Une surveillance est à exercer sur le spectre tout entier, et le travail préliminaire doit consister à