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tantôt granulée comme celle de la photosphère. Pour isoler le mieux possible sur la plaque photographique la raie choisie, il conviendra d’employer une seconde fente moins large que cette raie. Dans ce cas, on sera maître de modifier l’aspect et la distribution des flocculi en faisant correspondre la fente à diverses parties de la raie. Si, au contraire, on augmente la dispersion, tout en élargissant la seconde fente, chaque section de l’image comprendra une raie tout entière ou plusieurs raies. Quand ces lignes présentent des irrégularités qui ne tiennent point à des défauts de la première fente, on y voit l’indice de variations locales dans la longueur d’onde, et par suite de différences de vitesse suivant le rayon visuel. Cette interprétation peut être proposée avec une confiance particulière dans le voisinage du bord, quand l’observation oculaire des protubérances y révèle des mouvemens analogues. Ainsi le spectrohéliographe (c’est le nom généralement adopté pour le spectroscope enregistreur à double fente) est susceptible de deux modes d’emploi différens, suivant qu’on lui demande surtout soit la distribution des flocculi, soit les vitesses qui les animent. Il permet également de suivre les nuages à plusieurs milliers de kilomètres au-delà du bord apparent ; il suffit d’augmenter le temps de pose et d’intercepter la partie centrale de la première image solaire par un diaphragme circulaire.

Maintenant, quelle est la composition de ces flocculi et à quel niveau sont-ils situés dans l’atmosphère solaire ? Cela dépend de la radiation choisie. La plus commode est la raie K du calcium, à l’extrémité la plus réfrangible du spectre visible. Elle est très photogénique, ce qui permet d’abréger la pose ; très large, ce qui facilite le réglage des fentes ; sensible aux variations d’état magnétique ou électrique, ce qui autorise à lui demander des renseignemens multiples. Elle peut être renversée simplement, c’est-à-dire présenter une zone centrale brillante entre deux bandes sombres, ou doublement, c’est-à-dire offrir trois zones sombres, une centrale et deux externes, avec deux zones lumineuses intermédiaires. Suivant la conjecture fort vraisemblable de M. Deslandres, la ligne centrale répond à la partie haute de la chromosphère où s’élèvent les protubérances, les lignes intermédiaires sont dues à la chromosphère proprement dite, les franges externes à la couche renversante. Ainsi les épreuves du spectrohéliographe nous renseignent sur la distribution et le mouvement des nuages