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le lieu de l’observation. Il est hors de doute que l’absorption par l’atmosphère terrestre est importante et qu’elle n’est pas fonction uniquement de la hauteur du Soleil. Elle dépend aussi de l’abondance des particules en suspension et de l’état hygrométrique, et cela d’une manière spéciale pour chaque radiation. On est même fondé à croire que certains rayons ultra-violets ne nous parviennent absolument pas et sont arrêtés en entier. On voit combien le problème est compliqué.

Cette complication est si grande que l’on ne doit pas espérer de résultats nets des mesures actinométriques en dehors des journées, toujours rares, où l’atmosphère se montre stable, pendant plusieurs heures, dans sa transparence et sa composition. Seules ces conditions permettent une élimination passable des influences terrestres.

On ne devra pas non plus négliger, quand cela sera possible, d’associer aux expériences effectuées en plaine, soit des observations simultanées faites à peu de distance en haute montagne, soit les indications d’enregistreurs emportés par des ballons sondes. Cette seconde voie, plus rationnelle, mais plus difficile, a été suivie dernièrement avec un succès marqué par MM. Violle et Teisserenc de Bort.

Il y a longtemps que l’attention des physiciens est appelée sur la nécessité de ces précautions. C’est donc délibérément, toutes corrections faites, après avoir choisi les circonstances jugées par eux les plus favorables, qu’ils nous proposent des valeurs numériques pour la constante solaire, c’est-à-dire pour la quantité de chaleur reçue dans l’unité de temps sur l’unité de surface à la limite supérieure de notre atmosphère.

Ces valeurs sont divergentes dans la proportion du simple au double, c’est-à-dire au-delà de ce qu’on peut raisonnablement admettre. Il est vraiment trop aisé de se tirer d’affaire en disant que la prétendue constante n’en est pas une et que l’émission solaire varie dans de larges limites avec le cycle des taches. Mais les valeurs trouvées pour la constante ne se conforment pas à ce cycle, pas plus, du reste, que les moyennes thermométriques en n’importe quel lieu de la Terre. Si l’abondance des taches était la mesure de l’émission calorifique du Soleil, la période de Schwabe se dégagerait de ces moyennes aussi visiblement que des courbes de variations magnétiques. Tout le monde sait qu’il n’en est rien, à tel point que les météorologistes discutent encore