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aura inévitablement, sur certains points, encombrement et confusion. Telle raie du fer, par exemple, se distinguera très difficilement d’une raie toute voisine du calcium.

De plus, les coïncidences, même fondées sur une réelle identité chimique, ne seront pas rigoureuses ; la variation de distance entre la Terre et le Soleil s’y oppose. Il faudrait de plus que les conditions physiques fussent les mêmes pour la source terrestre et pour le Soleil. Or, si nous disposons jusqu’à un certain point des premières, nous ne sommes pas maîtres des secondes et nous devons nous attendre à ce qu’elles varient dans des limites étendues. Il suit de là que le spectre solaire ne fournit pas à lui seul les élémens d’une cartographie exacte. Toutes les lignes de ce spectre qui sont susceptibles d’être reproduites artificiellement avec une netteté suffisante devront être étudiées dans des conditions déterminées de température et dépression. Alors seulement il deviendra possible de faire correspondre à chacune d’elles un nombre fixe, représentant la longueur d’onde en fraction de mètre, de prononcer sur les coïncidences douteuses, d’assigner une cause aux coïncidences imparfaites.

Cette nécessité n’a été reconnue qu’à une date récente. La superposition des spectres de divers ordres donnés par un même réseau faisait connaître la longueur d’onde de plusieurs raies fondamentales avec une précision dont on estimait pouvoir se contenter. Les positions relatives des raies intermédiaires, déduites par Rowland de ses admirables’ photographies du spectre solaire, semblaient devoir répondre pour longtemps à toutes les exigences pratiques. Cette quiétude fut troublée en 1893 par un travail très remarqué de MM. Michelson et Benoît. Cette étude montra que les raies D du sodium, choisies par Bell et Rowland comme point de départ, n’égalaient pas en netteté et en fixité la raie rouge du cadmium. Pour cette dernière ligne, le rapport de la longueur d’onde au mètre se déduisait avec une extraordinaire précision du dénombrement des franges d’interférence obtenues par réflexion sur verre argenté. La méthode des coïncidences se trouvait reléguée au second plan, et les raies d’origine solaire eurent le même sort quand M. Jewell eut montré en 1896 qu’elles étaient sujettes à des déplacemens irréguliers, parfaitement appréciables avec les instrumens de mesure actuels.

D’accord sur tous ces points, les sa vans réunis à Saint-Louis ont cependant montré quelque répugnance à reprendre en