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périodicité dans le nombre moyen des taches. De même son émule anglais Carrington a pu fixer à lui seul l’orientation exacte de l’axe et la durée de la rotation aux diverses latitudes.

Toutefois, ni Schwabe ni Carrington n’ont pu se flatter d’avoir dit le dernier mot sur les questions dont ils s’étaient occupés ; les lois énoncées par eux n’avaient qu’une valeur approximative. Il est bientôt devenu clair que, pour dépasser le point où ils s’étaient arrêtés, il ne suffirait pas de suivre leur exemple et de prolonger leurs séries : il fallait adopter un plan d’attaque plus étendu et plus méthodique.

C’est ce qui a été fait depuis 1879 par les soins du Comité de Physique solaire établi par le gouvernement britannique. Le Soleil est photographié chaque jour dans trois observatoires associés : à Greenwich, aux portes de Londres, à Dehra Dûn, dans l’Inde, et à l’île Maurice. Aucune des trois localités ne jouit d’un ciel sans nuages,-mais, sur l’ensemble, il n’y a que fort peu de jours par an où le Soleil se dérobe à la vigilance des observateurs. Le but poursuivi n’était pas d’enregistrer les détails délicats de la structure, ce que M. Janssen faisait à la même époque avec un art consommé. Il s’agissait de constituer une série homogène donnant jour par jour la position et l’étendue des principaux groupes de taches et de facules. Les travaux de mesure et de calcul sont exécutés à l’observatoire de Greenwich et publiés dans un délai de quelques mois, sans préjudice de l’examen physique auquel ces mêmes documens sont soumis dans le laboratoire de sir Norman Lockyer. Quelques spécialistes sont évidemment les seuls lecteurs que puissent espérer les volumes de chiffres ainsi alignés. Mais on a trouvé moyen de les condenser dans des tableaux graphiques d’une admirable clarté, rendant manifestes, presque à première vue, les résultats de plusieurs années de travail.

Il est difficile d’exagérer l’importance du service ainsi rendu à la science. Qu’est-ce au juste qu’une tache ou une facule ? Peut-être sommes-nous moins sûrs de le savoir que ne croyaient l’être Herschel et Arago. Ce qui est certain, c’est que nous avons en elles une manifestation non pas totale, mais bien définie et indiscutable de l’activité solaire ; c’est que des lois fixes y président et se dégageront avec le temps du flot enchevêtré des périodes. La simplicité renaîtra quand nous serons placés au vrai point de vue, mais c’est à l’observation qu’il appartient de nous