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supérieur d’Église, donnaient lieu à d’incessans débats. De son côté, l’évêque de Nassau expédiait au cardinal Reisach doléances sur doléances. Enfin l’on sentit, à partir de 1856, que l’horizon devenait plus clair, grâce à l’avènement, en Bade, du ministère Meysenbug et grâce à l’influence personnelle du grand-duc de Nassau. L’année 1857 fut marquée par la conclusion d’une convention entre Rome et le Wurtemberg : le branle était donné. En 1859, Bade suivit l’exemple ; un long travail s’acheva, destiné à fixer le nombre des cures dont l’État pourrait à l’avenir se dire légitimement patron ; et l’accord fut signé. Enfin, en 1861, l’évêque de Limbourg, qui avait, quatre ans auparavant, reçu de Rome des pouvoirs formels pour traiter avec le grand-duc, expédia à Antonelli un projet de convention, qui fut ratifié.

Dans leurs grandes lignes, ces pactes divers donnaient satisfaction aux doléances épiscopales de 1851 et de 1853. La série d’articles organiques que les États de la province ecclésiastique du Haut-Rhin, trente ans auparavant, s’étaient réciproquement engagés à faire peser sur leurs Églises respectives, étaient désormais périmés. La bureaucratie cessait d’être une puissance dans l’Église, et l’Église cessait d’être considérée par l’État comme un organisme bureaucratique : elle devenait juge de ses propres intérêts, maîtresse de sa propre vie. Ses clercs étaient bien à elle ; ses revenus, bien à elle ; ses ouailles, bien à elle ; et Tonne se mêlerait plus de ce qui ne regardait qu’elle ; les souverains, vis-à-vis du Pape, s’y étaient expressément obligés. « Les concordats dont l’Allemagne se couvre, lisait-on dès 1858 dans les Feuilles Historico-politiques de Munich, assurent la situation juridique de l’Église d’après des principes qui, il y a vingt ans, passaient pour être caractéristiques de haute trahison ultramontaine, et qui n’étaient même pas compris. »


V

Mais à peine ces concordats étaient-ils conclus qu’immédiatement une partie de l’Allemagne s’agitait. On regardait du côté de Vienne ; on y constatait la joyeuse exaltation des catholiques ; on commentait les multiples incidens auxquels donnait lieu, en Autriche, la question de la confessionnalité des cimetières. On se hâtait de conclure qu’à l’origine de ces troubles religieux, il y avait le concordat signé en 1855 ; que ce concordat, au lieu d’être