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Je goûte vos parfums que les vents chauds inclinent
Profonds magnolias, lauriers des Carolines...
— Les rames, sur les flots palpitans comme un cœur,
Imitent les sanglots langoureux du bonheur.
O promesse de joie, ô torpeur juvénile !
Une cloche se berce au rose campanile
Qui, délicat et fier, semble un cyprès vermeil ;
Partout la volupté, la mélodie errante...
— O matin de Stresa, turquoise respirante
Sublime agilité du cœur vers le soleil !



Des parfums assoupis au rebord des terrasses,
L’azur en feu, des fleurs que la chaleur harasse,
Sur quel rocher d’amour tant d’ardeur me lia !...
— Colombes sommeillant dans les camélias.
Dans les verts camphriers et les saules de Chine,
Laissez dormir mes mains sur vos douces échines.
Consolez ma langueur, vous êtes ce matin
Le rose Saint-Esprit des tableaux florentins.
— Tourterelles en deuil, si faibles, si lassées,
Fruits palpitans et chauds des branches épicées,
Hélas ! cet anneau noir qui cercle votre cou
Semble enfermer aussi mon âpre destinée,
Et vos gémissemens m’annoncent tout à coup
Les enivrans malheurs pour lesquels je suis née...


L’AUTOMNE À VENISE


Ah ! la douceur d’ouvrir, dans un matin d’automne,
Sur le feuillage vert, rougissant et jauni,
Que la chaleur d’argent éclabousse et sillonne,
Les volets peints en noir du palais Manzoni !