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L’obstacle californien d’abord : il ne paraît pas très sérieux. Le speaker et les présidens des comités d’immigration adoptent l’amendement dont le texte est alors rendu public : aux termes de cet amendement, les personnes ayant un passeport délivré par leur gouvernement pour aller dans les îles soumises aux États-Unis, la zone du canal de Panama ou d’autres pays tels que le Mexique, si elles désirent venir aux États-Unis, pourront s’en voir refuser l’entrée, quand leur venue sera jugée nuisible aux travailleurs blancs par le président des États-Unis. Le 15 février, les représentans du gouvernement fédéral et la délégation californienne se réunissent à la Maison Blanche et acceptent les bases de l’accord. En échange de l’amendement annoncé, le Board of Education de San Francisco abandonnera les mesures scolaires auxquelles, la veille encore, il tenait si âprement. Il est entendu que, si la loi sur l’immigration n’est pas votée au cours de la session, une session extraordinaire sera convoquée. Comme les sénateurs des États du Sud protestent contre le bill au nom des régions qu’ils représentent et qui ont besoin de l’immigration, M. Roosevelt, qui tient sa solution et qui y tient, déclare qu’il fera tout pour obtenir le vote de la loi, parce qu’au sort de la loi est lié le sort de l’amendement et que l’amendement est la seule façon de sortir d’un inextricable conflit. Le 16 février, le Sénat adopte à mains levées la loi et l’amendement. Le 18, la Chambre des représentans suit cet exemple. A la suite de ce double vote. M, Schmitz télégraphie de Washington à ses administrés la note suivante : « Tous les enfans de race étrangère âgés de moins de seize ans et parlant anglais peuvent être admis dans les écoles des blancs de San Francisco. Des écoles spéciales seront créées pour les enfans d’origine étrangère qui ne connaîtront pas suffisamment l’anglais. » Il refuse d’ailleurs d’admettre que le traité Gresham-Kurino ait aucunement été violé par les décisions antérieures du Board of Education. Il tient bon sur le principe et transige avec un geste d’un hautain opportunisme. N’a-t-il pas au surplus toutes raisons de triompher ? Il a cédé sur le prétexte, mais il l’emporte sur le fond.

Après l’obstacle californien restait l’obstacle japonais. Et celui-ci risquait d’être plus malaisé que celui-là. La cote mal taillée adoptée par M. Roosevelt était loin d’être pour le gouvernement du Mikado aussi satisfaisante que pour les Califor-