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LE
JAPON ET LES ÉTATS-UNIS


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Le 7 juillet 1833, sous le règne de l’empereur Komeï-Tenno, le commodore américain Perry arriva, avec quatre vaisseaux, sur les rives japonaises, à Ouraga, en Sagami. Une antique coutume nationale fermait aux navires étrangers l’accès de tous les ports, hormis celui de Nagasaki. Les Américains refusèrent de se soumettre à la loi japonaise, et ils réclamèrent un traité de commerce et d’amitié qui leur ouvrît le pays. L’année suivante, le Japon cédait et livrait aux étrangers venus sur les « vaisseaux noirs » le droit de débarquer dans ses ports. Un peu plus d’un demi-siècle a passé depuis lors, et aujourd’hui ce sont les Américains, ou du moins beaucoup d’entre eux, qui rêvent de fermer leur territoire à l’immigration japonaise. Entre ces deux termes extrêmes, l’histoire des deux peuples s’est développée, modifiant, dans l’ordre politique et dans l’ordre économique, la position de l’un et de l’autre, réveillant par des intérêts nouveaux les passions anciennes, ranimant, en dépit de sympathies politiques, les conflits ataviques, posant sous une forme inattendue cette question du Pacifique, nœud moderne de l’éternel problème qui s’appelle la maîtrise des mers.

Nulle opinion ne fut, au cours des derniers mois, plus répandue que celle d’une lutte, sinon immédiate, du moins inévitable, entre le Japon et les États-Unis. Cette lutte n’a pas éclaté, et cela prouve qu’elle était d’une nécessité moins proche que