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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 décembre.


Il est encore douteux que le Sénat, quelque bonne volonté qu’il y mette, puisse terminer la discussion du budget assez tôt pour qu’on échappe à l’obligation de voter un douzième provisoire. La tâche de la haute assemblée s’est trouvée, cette année, particulièrement difficile. Le budget était notoirement en déficit : pour le remettre en équilibre, au moins en apparence, la Chambre a voté au dernier moment, dans une séance de nuit, sans étude préalable et sans débat, un certain nombre d’impôts nouveaux, qui lui ont été présentés et qu’elle a acceptés au petit bonheur. Ce n’est d’ailleurs pas le seul expédient auquel elle ait eu recours. Sur la proposition du gouvernement, elle a voté deux mesures empreintes du plus pur empirisme, qui avaient pour objet de diminuer les dépenses de l’année prochaine, et dont l’une au moins devait, par compensation, aggraver celles des années suivantes. La première consistait à déplacer la date du paiement des pensions, de manière à gagner un mois en 1908, malheureusement au prix de la violation d’un contrat ; la seconde, à opérer une péréquation à des primes à payer à la marine marchande, en les étendant à un nombre d’années plus considérable et en diminuant ainsi le versement à opérer l’année prochaine, malheureusement au prix d’un véritable emprunt qui aggravait en fin de compte les charges du contribuable. Le détail de ces opérations serait peut-être déplacé dans notre chronique : il suffit d’en indiquer le caractère. La Commission des finances du Sénat n’a pas hésité à condamner et à rejeter ces procédés dignes d’un fils de famille en détresse ; mais alors, le déficit a reparu.

La Commission ne s’en est pas tenue là. Elle a examiné, d’un peu plus près que ne l’avait fait la Chambre, les impôts nouveaux votés par celle-ci dans la précipitation du dernier moment ; elle en a admis