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doute, 13 à 14 millions. L’Algérie a cessé d’être une contrée purement agricole ; on y exploite de plus en plus des richesses minières, mines de fer, mines de calamine et de plomb ; l’essor minier de la contrée serait encore plus rapide si des formalités administratives excessives n’entravaient parfois, comme c’est le cas depuis plusieurs années pour les riches gisemens de fer de l’Ouenza, la concession de certaines mines. Néanmoins, dès maintenant, l’Algérie figure très honorablement parmi les pays productifs de métaux communs. C’est elle qui a eu le mérite de révéler au monde les immenses dépôts de phosphates africains et de les mettre à la disposition des agriculteurs de tous les pays ; c’est ainsi que l’agriculture allemande profite tout autant que l’agriculture française de ces immenses engrais naturels. Les établissemens de crédit sont maintenant nombreux en Algérie ; ils y font beaucoup d’affaires et ils constatent qu’il s’est constitué parmi les Algériens une classe étendue de gens aisés et une classe très appréciable de gens riches ou opulens.

La France a eu l’heureuse idée, dans la dernière année du XIXe siècle (loi du 20 décembre 1900), de conférer à l’Algérie une large autonomie financière. Sous certaines réserves peu gênantes, l’Algérie vote actuellement elle-même son budget et en dispose : depuis sept ans, cette nouvelle organisation a donné les meilleurs résultats : la métropole garde à son compte la charge de l’armée qui représente une dépense d’environ 50 à 55 millions, et elle donne une subvention qui doit décroître de chaque période triennale à la suivante et expirer en 1946 pour les chemins de fer algériens : cette annuité est actuellement d’environ 17 millions ; mais les plus-values des recettes des voies ferrées promettent de la réduire et de la faire disparaître bien avant la date indiquée. Le budget algérien, qui, défalcation faite des recettes d’ordre, de la subvention métropolitaine dont il vient d’être parlé et de certaines ressources extraordinaires, représente un ensemble de recettes propres et normales d’une soixantaine de millions, n’a cessé, depuis l’établissement de l’autonomie financière, de se régler par de notables excédens de recettes.

Ainsi, le succès de l’Algérie, comme colonie d’exploitation, est vraiment brillant et dépasse le succès, quoique honorable encore, de cette même contrée comme colonie de peuplement.

Il ne faut pas oublier, toutefois, que ces résultats se sont fait