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III. — L’HABITATION CORÉENNE


Le Père Pourthié, qui souvent partagea l’hospitalité de ces logis misérables, nous écrivait :

« Retranchez aux plus pauvres masures que vous connaissez ce qu’elles peuvent retenir encore de beauté et de solidité. Peut-être alors aurez-vous une idée des chétives habitations coréennes. Le Coréen loge généralement sous le chaume. Quatre piliers, fichés en terre, supportent le toit. Une couche de terre pétrie de huit à douze centimètres d’épaisseur, plaquée sur une charpente de poutrelles transversalement et diagonalement croisées, forme la maison. De petites ouvertures y sont pratiquées dans lesquelles des branches formant treillis et, faute de verre, une feuille de papier tamisent la lumière. Telles sont les portes et les fenêtres. Des nattes sordides et qui ne rappellent en rien celles de la Chine ou de l’Inde, quelquefois même une couche de paille, dissimulent, à l’intérieur, la terre battue. Les gens riches tapissent leurs murs de boue d’une feuille de papier. Enfin, les planchers et les dalles de l’Europe seront à l’occasion égalés à leurs yeux par une sorte de carton fortement imbibé d’huile. Les maisons à plusieurs étages n’existent pas en Corée. Pénétrons à l’intérieur. Mais tout d’abord, ôtez vos sandales, les bienséances, la propreté l’exigent. Les riches gardant leurs bas, mais les paysans et ouvriers vont et viennent dans leurs chambres nu-pieds. Prenez bien garde maintenant de ne pas heurter du front les branchages et la terre pétrie qui composent le plafond. Accroupissez-vous sur la natte et gardez-vous de chercher un siège. Le Roi lui-même, pour recevoir les hommages de la Cour, est assis, les jambes croisées, à la façon de nos tailleurs. Voulez-vous inscrire quelque note sur votre calepin ? Ne demandez point de table. Les Coréens n’en ont que pour les sacrifices aux ancêtres et pour les repas. Écrivez sur vos genoux. Peut-être désirez-vous du feu ? On y a pourvu. Mais, tout fourneau étant impraticable sur ces nattes, à l’extérieur de la maison, sur l’un des bas côtés, s’ouvre le foyer de la cuisine. Des conduites en pierre, passant sous la chambre, y viennent aboutir. Les inégalités, les jointures, les anfractuosités de ce canal souterrain sont comblées de terre pétrie. Une chaleur bienfaisante se maintient donc sous les nattes, grâce à l’épaisseur des pierres