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de villages ou de hameaux. C’est tout au plus si, de temps en temps, monte un Coréen placide et somnolent. Au voisinage des gares, se groupent cependant des maisonnettes japonaises dont les habitans se montrent de tous côtés. Tout nouveau bateau venu du Japon enfle leur nombre. Plus le flot de l’émigration nippone s’amincit vers le Pacifique, devant les obstacles accumulés, plus il se déverse en Corée enflé et bouillonnant. Mercantiles d’instinct, infatigables, adroits, les nouveaux venus réussissent en fort peu de temps à conquérir une avantageuse position. Le concours des autorités est assuré à leurs entreprises.

La plus insignifiante des gares suffit à l’administration militaire pour montrer tête et rappeler qu’on est en pays occupé. Sur le plus désert des quais, tout au moins, un gendarme de service est planté : il se multiplie, bien entendu, suivant l’importance de la gare. Sa tenue est bonne et son allure martiale ne pèche parfois que par un peu d’exagération. Voilà du reste pour lui une occasion d’intervenir. Le train ayant fait une halte quelque peu prolongée, un gamin de quinze ans transgresse le cordon tendu en carré autour de la gare. Deux courageux agens de la force publique se précipitent sur le délinquant, bientôt étendu sur le sol et réduit à l’impuissance en application des règles du fameux yiou-yitsou. Le départ du train m’a dérobé le dénouement de l’aventure. D’un dernier regard, je ne pus que saisir le coupable étendu dans la boue sous les deux soldats victorieux.

Comme nous gagnons le cœur du pays, le paysage développe des lignes puissantes dont une vaste baie de lumière précise le relief, contours et couleurs se fondent dans une atmosphère de topaze brûlée : ombres et clartés atténuent leur crudité dans le lointain. Des heures d’admiration ne peuvent émousser mes sentimens, tandis que, toujours dressées, les montagnes se succèdent au passage, encaissant de prospères vallées, des rivières où, sous l’effort des blanches voiles, s’enlèvent les jonques. Ici et là, de préférence sur les rives d’un cours d’eau, un petit village émerge des arbres séculaires. Du haut du remblai nous plongeons dans l’intérieur des chaumières, isolées les unes des autres par des murs de roseaux ou de paille. Grâce à la multiplication des barrières et des abris, toute masure coréenne semble une forteresse. Le plus humble des habitans peut dire ici sans outrecuidance : My house is my castle!