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brables casquettes surgissent. Voici les uniformes rangés en ligne le long du train qui s’ébranle lentement pour contourner le golfe de Fusan. Il fouille les collines verdoyantes à la recherche de la demeure où, lors de mon premier voyage, je séjournai. Elle apparaît enfin, mais volets fermés et porte close. Basse et délabrée, la petite chapelle catholique se montre à peine au regard qui la sollicite. Sur cette côte de constructions neuves, il est doublement attristant de trouver dépourvus d’écoles, d’orphelinats, d’églises, et même d’un simple asile, ces fidèles qui, pour le bien matériel et moral de l’Extrême-Orient, accumulèrent tant de sacrifices et d’efforts !

La voie ferrée suit tout l’abord l’ancienne route, j’allais dire carrossable, comme si les voitures avaient jamais été connues dans ce pays de Chosen ! Le voyageur n’y avait le choix qu’entre deux moyens de transports : des porteurs ou ses propres jambes. Lors de ma première campagne dans le haut pays, je voulus chevaucher. Mais si misérable était mon pony, si osseuse la selle dont on l’avait sanglé, que je dus la plupart du temps peiner à pied sur ses soi-disant chemins qui ressemblent à l’à-travers champ de chez nous. Quelques pierres disséminées çà et là au travers d’une rivière y tiennent lieu de pont. Parfois un plancher branlant invite bien le voyageur. Mais le plus souvent, la seule ressource est de se déchausser bravement.

Durant plusieurs lieues, nous longeons la grande rivière du Sud qui s’éploie dans une vallée spacieuse et verdoyante. À droite et à gauche, s’étendent les champs de riz, fort bien labourés, irrigués de tout un système de canaux. C’est, de tout temps, à cette culture, que la population a demandé sa nourriture quotidienne, tout le monde ici est agriculteur. Chaque famille tire de son petit champ non seulement sa subsistance mais encore, sous forme de chanvre, ses vêtemens, sans compter la paille des couchettes et l’huile des lampes. Les objets nécessaires à la vie sont manufacturés dans la maison. Sans quitter la famille, le lin, de simple semence, devient, sous la main des femmes, toile, puis vêtement. Dans une société aux besoins aussi simples, le commerce ne tenait aucune place. Toute la monnaie se réduisait à de petites pièces de cuivre enfilées dans des cordes. Lors de ma première expédition, voulant emporter une somme correspondant à quelques louis, un cheval me fut nécessaire.

Le train s’arrête à tout instant. Pourquoi ? On ne voit guère