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LA FIN D’UN EMPIRE

LA JAPONISATION DE LA CORÉE

Chosen, le « pays du calme matinal, » attire de nouveau l’attention de l’univers. Les événemens de Séoul sont survenus comme autant de surprises : abdication de l’Empereur ; accession du trône du prince héritier ; nouvelle convention plaçant entièrement le pays sous l’administration japonaise ; guerre civile, dont une fois de plus l’Extrême-Orient est ensanglanté.

Aussi bien, sur ces bords éloignés, le travail de fermentation ne s’arrête jamais. Les faits ne peuvent y prendre une forme définie et stable. Revenu dans cette péninsule de l’Extrême-Asie, j’ai de la peine à reconnaître l’ancienne Corée.


I. — LE RETOUR. FUSAN. LE RENOUVELLEMENT DU PAYS


Le soleil levant ensanglante les côtes déchiquetées de Chosen, qui surgit devant mes yeux de la nappe foncée d’une mer encore endormie. Par degrés se détachent les montagnes lointaines ; les chaînes onduleuses plaquent leurs étendues rosées sur le bleu de l’horizon. Le tableau est d’une parfaite délicatesse de dessin et de couleurs. Telle est l’intensité de mes sentimens que, par la parure de ses rivages et le cristal de son atmosphère, le « pays du calme matinal » semble me frapper pour la première fois.

Me voici débarqué à Fusan, mais tels sont les changemens survenus depuis mon dernier séjour[1], — à la veille de la guerre,

  1. Voyez la Revue du 15 octobre 1904.