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des réunions aux jeunes gens au-dessous de dix-huit ans et d’obliger tous les orateurs à parler en langue allemande. Cette dernière disposition soulève une opposition si véhémente que peut-être sera-t-elle retirée ou modifiée. Mais toutes ces lois passeront : pour le reste, c’est à la grâce de Dieu.


Oscar II, roi de Suède, vient de mourir : nous ne pouvons pas laisser disparaître cette sympathique figure sans lui rendre l’hommage qui lui est dû. Oscar II est monté sur le trône en 1872 : il a donc régné trente-six ans, et son règne aurait été constamment heureux s’il n’avait pas été attristé, il y a deux ans, par la séparation de la Norvège. L’événement se préparait depuis de longues années déjà ; il a été la préoccupation de tout le règne. Le Roi avait fait tout ce qui dépendait de lui pour l’éviter, mais il était inévitable ; il y avait entre les deux pays des prétentions inconciliables et une évidente incompatibilité d’humeur. Quand la rupture s’est produite, on se demandait, non sans anxiété, ce que la Suède allait faire. Elle éprouvait une vive irritation, elle était probablement la plus forte, elle se serait rangée tout entière derrière son Roi, si celui-ci avait décidé la guerre. Oscar II n’a pas voulu charger ses dernières années d’une responsabilité sanglante, et il a rendu à la paix un service supérieur à ceux qu’ont pu jusqu’ici lui rendre tous nos pacifistes réunis. Il l’a fait avec une simplicité et une dignité que le monde entier a reconnues : il a mérité que sa tombe fût entourée de reconnaissance et de respect.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.