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nous reste plus qu’à attendre les événemens. Les opérations militaires ont été ralenties au début par la nécessité où on s’est trouvé de réunir des forces capables de frapper un coup décisif, et ce retard s’explique par le fait qu’on avait un peu désarmé l’Algérie, notamment la province d’Oran, pour renforcer le corps expéditionnaire de Casablanca. Il faut bien avouer que tout cela n’indique pas une grande prévoyance : heureusement on s’est ravisé lorsqu’il en était encore temps.


Quand il s’agit du Maroc, nous sommes obligés de nous retourner quelquefois du côté de l’Europe et de constater les dispositions des puissances. Ce n’est pas que nous reconnaissions à aucune d’elles un droit de contrôle sur notre action, surtout lorsqu’elle s’exerce conformément à des droits incontestables et d’ailleurs incontestés ; mais enfin nous ne sommes pas seuls au monde ; ce n’est pas seulement au Maroc que nous avons rencontré des difficultés marocaines, et l’expérience nous a appris qu’en tout état de cause il est bon de surveiller le firmament politique pour s’assurer qu’il ne s’y forme pas de nouveaux nuages, ou que les anciens n’y reparaissent plus. La récente rentrée en session du Reichstag allemand nous a permis d’autant mieux de pourvoir à cette préoccupation que jamais le chancelier impérial n’avait été plus abondant en discours, plus alerte d’esprit, plus disposé à fournir des explications à qui lui en demandait, et, comme il parlait de tout, il devait naturellement parler du Maroc. Aussi n’a-t-il pas manqué de le faire.

La presse française a constaté généralement que son langage avait été correct, et nous le constatons à notre tour très volontiers. Ce langage n’est pourtant pas sans quelques réticences dont le caractère reste à nos yeux un peu indéterminé. M. le prince de Bülow reconnaît avec une netteté parfaite que des ouvriers français, et d’autres qui travaillaient avec eux à une œuvre commune, ayant été massacrés à Casablanca, nous étions en droit de nous faire rendre justice nous-mêmes : nous ne pouvions en effet compter pour cela, ni sur les autorités de Casablanca qui étaient malveillantes, ni sur le Maghzen qui était impuissant. « Il était naturel, a-t-il dit, que cette action s’accomplît sous la seule responsabilité des puissances intéressées, et comme elle n’appartenait pas au cadre de l’Acte d’Algésiras, elle n’entraînait pas non plus la responsabilité des autres puissances. » Évidemment, les autres puissances n’ont ici aucune responsabilité, mais on ne voit pas non plus celle que nous aurions pu encourir nous-mêmes en accomplissant un acte dont la légitimité est universellement