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moins au règne de Charles VI, et, ce qui est certain, c’est qu’au mois de janvier 1410, un exemplaire de cette traduction, saisi l’année précédente à Marcoussis, après l’exécution du grand maître de l’hôtel du roi, Jean de Montaigu, fut envoyé à la Bibliothèque ou, comme on disait alors, à la Librairie royale du Louvre par le duc de Guyenne, fils du Roi. Vers le même temps, deux autres exemplaires se sont trouvés entre les mains du duc Jean de Berry, — frère de Charles V, — mort le 15 juin 1416, dont le Musée Condé à Chantilly conserve les Très Riches Heures. L’un de ces exemplaires en français, qui, après le duc de Berry, a appartenu à son neveu le duc de Bourgogne Jean sans Peur, est complet en un seul volume, illustré d’une grande miniature et de vingt-cinq petites. Le récit même de ces vicissitudes est une page tragique des rivalités entre Armagnacs et Bourbons, depuis l’arrestation et la mort du malheureux duc de Nemours jusqu’à la condamnation du connétable de Bourbon, dont les biens furent confisqués au profit de la couronne ainsi que le précieux manuscrit, qui passa de Blois à Fontainebleau et de Fontainebleau à Paris. Aujourd’hui, après une séparation de quatre siècles, et à la suite de la découverte faite à Windsor des dix feuillets qui ont été réintégrés dans le volume acquis en 1903 par M. Yates Thompson et la remise du manuscrit, ainsi restauré, faite entre les mains du président de la République par le roi d’Angleterre, l’exemplaire des « Anciennetés des Juifs selon Josèphe, » provenant des ducs Jean de Berry et Jacques de Nemours se trouve de nouveau reconstitué par le rapprochement de ses deux tomes.

L’examen des merveilleuses miniatures du tome Ier du Josèphe a amené M. Durrieu à conclure que les trois miniatures des trois premiers livres sont contemporaines de l’époque du duc Jean de Berry et que les onze autres grandes miniatures (des livres IV à XIV) sont l’œuvre d’un artiste très supérieur, d’un artiste qui travaillait à la fin du règne de Charles VII, ou sous Louis XI, et qui était incontestablement un Français, mais qui cependant avait vu Rome. Ses conclusions s’accordent d’ailleurs parfaitement avec une des deux notes que le secrétaire du gendre Je Louis XI, François Robertet, contemporain de l’époque où Foucquet travaillait encore, a inscrites à la fin du volume : « En ce livre a douze ystoires : les troys premières de l’enlumineur du duc Jean de Berry et les neuf de la main du bon paintre et enlumineur du roi Louis XI Jehan Foucquet, natif de Tours. »

Dans les Antiquités juives, ce qui donne encore la plus haute idée du talent de Foucquet, ce sont moins peut-être les scènes et les