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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




En dehors du vote de l’article 2, c’est-à-dire de l’article essentiel du projet de loi relatif à la dévolution des biens ecclésiastiques, — vote sur lequel nous aurons à revenir, — il ne s’est rien passé de bien important à la Chambre depuis quinze jours ; mais un incident imprévu a porté quelque trouble dans l’organisation des partis. Au moment de procéder au vote du crédit relatif aux services du Sénat, M. Charles Benoist a demandé qu’on l’ajournât jusqu’au moment où la Chambre aurait pu se prononcer sur une proposition de M. Cadenat, qui ramène les indemnités parlementaires de 15 000 à 9 000 francs. A peine la Chambre avait-elle entendu M. Charles Benoist, à peine l’avait-elle compris, qu’elle se déchaînait contre lui en une véritable tempête. Cinq minutes auparavant, l’assemblée était somnolente, car on ne discutait que le budget, c’est-à-dire les affaires des contribuables ; cinq minutes après, elle était devenue méconnaissable, elle ressemblait à une mer en furie, car M. Charles Benoist avait touché aux intérêts personnels de ses membres. Aussi a-t-il failli être écharpé. M. le président du Conseil, dans sa première exaltation, l’a traité de « bas démagogue, » ce qui, à tout prendre, ne veut rien dire. M. Berteaux lui a adressé des épithètes plus familières, et M. Benoist s’est vu obligé de le conduire sur le terrain, d’où fort heureusement ils sont revenus l’un et l’autre sains et saufs. Mais ces épithètes ont été à peine perceptibles pour le public des tribunes, qui n’a vu qu’une chose, d’abord la stupeur, puis l’emportement et la rage des deux tiers de l’assemblée.

On aurait tort de croire, cependant, qu’il ne s’agissait là pour elle que d’une affaire d’argent : il s’agissait aussi, et avant tout, d’une affaire électorale. Les députés qui ont voté l’augmentation de leur