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ventre. Quand il se tourne, je vois sa poitrine et sa gorge blanches. Des reptiles bariolés, toute la légion des Calotes et des Sitanes, gonflent leur fanon, étalent leur crête, s’ébattent le long des revêtemens craquelés. Le petit aigle marron à tête blanche, l’éternel Garouda, monture de Vichnou, plane avec son cri qui rappelle autant un ricanement qu’une plainte. Brusquement il descend, rase la surface où se reflète sa silhouette incertaine, trempe à peine ses pieds dans l’eau qui rejaillit en perles, et remonte, un fretin nacré dans les serres. Et c’est tout autour une fuite éperdue de grenouilles marbrées (Rana verrucosa), et de crapauds variés de noir (Bufo melanostictus). Des libellules rouges poursuivent les mouches et aussi les abeilles lourdes de pollen (Apis dorsata) empressées à regagner leur ruche en plein vent collée contre la falaise à pic. Sous le ciel implacablement bleu, l’étang commence de verdir, mais tout un côté demeure moiré et réfléchit les rayons vermeils tamisés par un pan de mur où les vides sont plus nombreux que les pleins. On dirait un échiquier à cases alternatives de feldspath et de cuivre.

Et si je reste immobile sur la rocaille où se fondent mes vêtemens bistrés, la vie se familiarise avec moi. Une rainette, (Microhyla ornata), du haut d’un oranger sauvage, pousse sa note bruyante. Le jacana s’avance jusqu’à mes pieds, la mangouste sort de son trou pour trotter à découvert, et les singes commencent de descendre les degrés ruinés à pas lents. Les ouanderous hérissés, puissans et graves, gris, avec des favoris blancs, se promènent entre les pilastres avec le sérieux d’archéologues à l’ouvrage. Mes hommes, avec le fusil et les cartouches, se racontent des histoires, couchés au pied d’un arbre, assez loin de moi pour que la fantaisie ne me prenne de les appeler, car ce serait pour rien. Il n’est pire sourd que l’Hindou quand il ne veut point entendre. Et voilà pourquoi les singes circulent en paix le long des corniches. Ils s’y suivent à la file, la queue pendante, l’arrière-train avalé, le nez au vent. Que l’un s’arrête pour se gratter ou s’asseye une jambe étendue vers l’abîme, tous attendent en échangeant des propos et, peut-être, en se communiquant les nouvelles du jour. Parfois avec une hâte inexpliquée, ils galopent sur trois jambes, se risquent témérairement sur le faîte des murs branlans qui entouraient l’étang d’une ceinture continue, ajourée d’ogives. Alors une grêle de cailloux dévale, l’eau clapote, et la caravane marque